samedi, novembre 30, 2013

La Fanfare KC – La légende / Woburn (Micromegas; 19??)

Si un collectionneur ose vous confier un jour qu’il a fait le tour de la scène musicale québécoise, qu’il a tout entendu et atteint le fond du baril depuis longtemps, stimulez sa soif de découvertes en abordant l’univers singulier des pressages privés. Évoluant en parallèle aux tendances populaires, bon nombre de « productions maison » d’ici offrent des compositions hors-norme, aventureuses voire avant-gardistes. Nous avons déjà abordé ce genre de publications sur ce blogue, qu’il s’agisse de projets folk comme Un de plus du chansonnier Marc Lebel ou de témoignages scolaires comme sur l’album de finissants Nous du Collège Saint-Viateur. En voici un nouvel exemple qui se moque des étiquettes et qui devrait piquer votre curiosité.

Quels musiciens peuplaient La Fanfare KC? À quelle époque remonte la publication de cet étrange simple? Le 45 tours est avare de détails biographiques et pour le moment, nous l’ignorons : on ne peut que spéculer à son sujet. Les deux faces sont créditées à un certain Allard Alone, fort probablement un pseudonyme. Sur ce détail, on semble ne pas trop se prendre au sérieux et... c’est souvent un gage d’authenticité. On se pose aussi la question : à qui ou quoi réfère ce « KC »? Devait-on prononcer « La Fanfare Cassée » ou bien « Kay-See »… En attendant de retracer un des membres originaux du groupe, je vous laisse décider.



La légende offre une curieuse pop dynamique aux accents légèrement mystiques. La voix noyée dans l'écho appuyée par de ludiques choeurs masculins, le chanteur raconte l'histoire d'amour compliquée d'un troubadour sur fond de cordes synthétisées. Le son du String Synth semble déjà nous indiquer que ce titre pourrait avoir été enregistré entre le milieu des années 70 et le début des années 80. Un solo juste assez discret complète le tout. Accrocheur!



D’où pouvait bien provenir ce groupe? La face B, l’ésotérique Woburn, pourrait nous offrir un premier indice. Le titre semble en effet référer au minuscule village québécois du même nom: Saint-Augustin-de-Woburn ou simplement Woburn pour les initiés. Les paroles sont toutefois dans un autre registre et n'offrent pas un portrait du pittoresque village pour autant. On poursuit sur la même lancée qu'au recto, tout en offrant un ton plus… pastoral, glorifié d'une ligne mélodique au synthétiseur. On ne parle pas de bondieuseries -bien au contraire!- mais le rendu offre ce petit quelque chose de plus solennel que sur la face A. Alors que le groupe conlut sur des na-na-nas aussi approximatif qu'investis, on peut l'imaginer interprétant ce titre sur une chaîne locale de télévision communautaire un dimanche matin...

Avec toi comme amie, 
Je creuserais un étang bien plus grand que l'océan
Qu'on ne peut voir parce qu'il est loin.
Des montagnes de proverbes (?). 



L'ensemble est plutôt inusité et ne manquera pas de vous faire sourciller! Une démarche authentique (...) une poésie ésotérique, pour citer le collègue Marc Bolduc (du blogue Tradotronik). Avant de vous le proposer, il n’y avait aucune référence à ce 45 tours sur le Web. Espérons que, maintenant, les musiciens responsables de ce petit bijou se manifesteront! Si vous avez quelque information que ce soit à propos du groupe ou de cet enregistrement, contactez-nous. Entre temps, bonne écoute! Je tiens à remercier Nicolas Lê Quang (membre du groupe Rakam) pour cette découverte!