mardi, septembre 09, 2008






Hum - Suis-moi / Attends (1972; DSP-004)


Derrière cet anecdotique onomatopée se vautre un groupe funky comme il n'en existait que très peu sur la scène Québécoise de 1972. L'étiquette est avare d'informations biographiques si ce n'est du nom du producteur, Denis Lepage. On avait auparavant entendu ce dernier sur les mythiques albums Melchior Alias puis Ouba (réédité sur Gear Fab Records) et Reels Psychédéliques Volumes 1 & 2 (en compagnie de Pagliaro, Andy Shorter et Tony Roman); il assure ici la production en collaboration avec le groupe. Il s'illustrerait plus tard commme compositeur principal du groupe Le Pouls (ainsi nommé d'après le surnom de Lepage) et retrouverait alors Andy Shorter et Richard Patry (de Claire Lepage & Compagnie), tous deux aux percussions. Durant la vague disco, il était du groupe Lime, lançait son propre album Dansez avec Denis Lepage et arrangeait simultannément les groupes disco Hibou, le Surprise Band ou Beauregard, Violetti & Ste-Claire pour ne nommer que ceux-ci. En tenant compte de l'implication de Lepage dans tous ces albums avant-garde ou funky, nous sommes ainsi tentés d'en déduire que Hum était un projet personnel de ce dernier.

Plutôt joyeuse, la face A Suis-Moi repose sur une section rythmique bien huilée et le jeu d'un habile bassiste laissant couler ses pulsations dans la tapis. Sur un air pop funky aux modulations juste assez progressives, le chanteur s'impose avec la quelconque droiture de son ton bien que par moments celui-ci est plutôt inspiré (écoutez ses cris flangés en conclusion). Le texte, à la prose légère et ésotérique, raconte vaguement l'odyssée d'un homme sur les chemins de la vie...

Je m'en vais tout doucement, je m'en vais hors du présent.
Je m'en vais tout doucement, je m'en vais avec le temps.

Le temps me crie s'il te fuit: je suis la vie, suis-moi!

Allez ça va. Plus loin que ça! Accroche-toi!

Tout est beau, tout est au chaud.

On ne vivra que d'amour, toi pour moi chaque jour


À nouveau, Attends, la face B, est le véritable tube. La section rythmique domine toujours, mais est solidement appuyée par une guitare planante et un Hammond discret. La structure de ce tube étonne par ses déclinaisons progressives, mais sait demeurer assez lousse malgré les divers changements de rythmes. Les paroles, toujours en apesanteur, poursuivent la poésie hippie du recto avant de culminer dans une finale éthérée avec bongos et quelques notes acidulées à la guitare.

Attends-moé donc, attends-moé donc. Attends, attends!
Eye, t'as donc ben l'air pressé, arrête de calculer, y'a rien rien qui s'est passé.


Vous possédez quelque information pertinente au sujet de Hum ou de l'implication de Denis Lepage dans d'autres projets funky similaires? Écrivez-nous!



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Hum - Suis-moi / Attends (1972; DSP-004)

jeudi, septembre 04, 2008





Caramel Mou - Caramel Mou
(1974; DERAM XDEF 104)

Un amalgame de folk ambitieux et de psychédélisme teinté d'un humour caustique rendu avec un musicianship impressionant, Caramel Mou était décidément bon à s'en lécher les oreilles (pochette arrière). Le quintette regroupait le multi-instrumentaliste Christian Montmarquette (flûtes, clavecin, piano, guitare, éminent, voix), Robert Ludger Desnoyers (guitares, voix), Guy Paradis (basse, 1/2 violoncelle, voix), Vivianne Mongeau (voix, effets), Normand Martin (percussions, voix) ainsi que Robert Leblanc (batterie, percussion, orgue). Ce dernier, en plus de signer les arrangements, assure aussi la réalisation. Si le son du groupe peut s'apparenter aux mouvances progressives du Ville-Émard Blues Band ou de Contraction par exemple, l'ecclectisme évident de leur répertoire ne réussit pourtant pas à occulter la vocation pop de leur unique album.

Lisez le témoignage d'un fan anonyme.

Caramel mou était meilleur en show sur la place Jacques Cartier qu'en disque. Le groupe s’est produit à Jeunesse d'Aujourd'hui. Des jeunes de l'école secondaire André Laurendeau (St-Hubert) ont fondés cette formation. Ils se sont séparés alors qu'ils avaient pourtant signés un contrat pour deux disques. Comme leader du groupe, Christian Montmarquette, s'est retrouvé le bec à l'eau, a fait chemin seul et a joué dans différentes formations de bar. Montmarquette a connu Diane Guérin à la commune Les initiés au côté de Jean Besré; elle était à l'époque figurante pour des publicités à la télévision. Montmarquette et Guérin auraient été en duo dans les bars du Québec et à Miami avec notamment Johnny Farago sous le nom Diane et Christian. À leur séparation (comme couple et duo), Diane Guérin part en tournée comme choriste pour Starmania (2e édition). Elle est reviendra au Québec et adoptera alors le nom de plume de Belgazou. (tiré du blog Eternal PMS)

D'entrée de jeu, Tapis Magique, annonce les notes ensoleillées qui ornent en grande partie l'album. Les guitares carburent aux progressions singulières d'accords majeurs-septième éveillant du coup la pop-bossa de Beau Dommage (ne craigniez rien!) ou celle que populariserait peu de temps après Gilles Rivard. Comme sur Hey Soleil ou plus loin pour la saisissante Y tombe d'la marde le groupe élabore en douceur ses chaudes ambiances alors que l'intensité vocale de Mongeau, à la fois hippie et cabotine, surprend. On ne manquera pas de décèler loussement ailleurs les signes d'un humour zappaesque, entre autres lorsque leur succès radio La machée de gome se résume en accéléré à 30 secondes bien senties. Audacieux! Le sale rock n' roll Shiner son chrome fait rimer carwash avec dash, sticker avec bumper comme une vignette publicitaire pour Nu Finish. Outre la burlesque Une autre chanson pour le même gars, le Stéréologue Caramel Mou, ce conte psychotrope rédigé sur papier buvard, s'aventure dans les sillons qu'avait auparavant gravé Le Chat de l'Arc en Ciel de Normand Gélinas. Une histoire tout aussi planante, sertie cette fois d'une production plus éclatée où tous les dimmers de la console y passent avant d'enchaîner sur ce qu'il est convenu d'appeler la chanson-thème du groupe.

Le tout s'imbrique pourtant avec aisance à des trames plus inspirées où l'album démontre toute la versatilité du groupe à remanier la pop aux rythmes des communes. Pauv'tite de moé (similaire aux productions de François Dompierre du début des années 70) ainsi que Les Immortelles sont par leur joual si modernes et à la fois tellement de leur époque, théâtralisant leur pop d'élants définitivement progressifs. Le délicieux folk psychédélique qui habite la poétique Miss Ellery ou l'anglophile The Cloud se dessine suivant les effluves de l'encens. Alors que la première est plus plannante avec quelques notes d'harmonica, The Cloud, sous sa dentelle minimale de guitare, pianet, flûte et bloc chinois, transforme une simple ballade en un air délicat, à fleur de peau. Exit la tendresse! Accrochez-vous pour le high energy soul propulsant leur reprise du succès de Carol King, I feel the earth move, mettant les cuivres à l'honneur alors que le registre de Mongeau -puissant , rough et honnête- atteint de nouveaux sommets. Écoutez-moi cette décharge à couper le souffle en conclusion! Décidément, du Caramel Mou, il y en a pour tous les goûts...

Il semble que les auditeurs soient divisés à propos de cet album éponyme (lisez l'unique critique disponible sur All Music.com): pas assez prog pour certains, ça manque de focus pour d'autres... C'est toujours la même chose lorsqu'une pop ambitieuse entrechoque une foule d'influences. Bien que dense (comme le caramel d'ailleurs), l'album offre un raffinement particulier au niveau de l'écriture et des structures musicales et sait se réinventer à chaque chanson. Une autre belle surprise! Téléchargez, écoutez et prononcez-vous.



Téléchargez l'album complet / Download the complete album :

Caramel Mou - Caramel Mou (1974; DERAM XDEF 104)