jeudi, mars 17, 2011

Avant Le Message, il y eut... The Tamy. De gauche à droite: Serge Vallée, Daniel Turcotte & Jacques Plourde (Collection personnelle de Daniel Turcotte).


Le Message - Une partie de son coeur / Lydia
(Sonore S 8012; avril 1968)

*mise à jour*

Lorsque j'ai publié un bref article sur le groupe québécois Le Message en mars 2011, un flou artistique enveloppait toujours le groupe. Qui étaient donc ces musiciens inventifs, demandais-je? J'ai lancé une bouteille à la mer... et elle m'est finalement revenue quelques mois plus tard par l'entremise d'un charmant couriel de Daniel Turcotte, batteur original du groupe. Fini l'anonymat: levons maintenant le voile sur ce groupe méconnu.

Le Message était un petit groupe de Duvernay, aujourd'hui fusionné à la ville de Laval, comme il y en avait des centaines qui pullulaient partout au Québec dans les années 60. Le band a pris naissance en 1966 sous la forme d'un trio composé de Serge Vallée (guitare), Jacques Plourde (basse) et moi-même, Daniel Turcotte (batterie). À l'origine, nous nous appelions The Blue Birds. Plus tard, pour faire référence au film du concert The TAMI Show, nous nous sommes rebaptisés The Tamy. Le nom Le Message s'est définitivement imposé par la suite.

Quelques mois plus tard, l'organiste Robert Prairie (malheureusement mal orthographié sur notre disque) s'est joint au groupe. La nouvelle dimension apportée par Robert nous a ouvert les portes vers une musique plus élaborée et nous a permis d'interpréter qu'on ne pouvai se permettre auparavant sans la sonorité de l'orgue. En plus de la batterie, je touchais aussi un peu le piano puisque mes parents en possédais un. Je l'utilisais surtout pour de modestes tentatives de création de chansons. C'est comme ça qu'un jour, la pièce Une partie de son coeur est née. Je n'avais pas de paroles pour la chanson, mais lors d'une répétition, Robert s'est présenté avec un texte qui allait très bien avec la ryhtmique de la pièce. Adopté!

Le Message aux Studios Stéréo Sound de Montréal, 1968 (Collection personnelle de Daniel Turcotte).

Le 45 tours fut enregistré aux Studios Stéréo Sounds sur Côte-des-Neiges à Montréal. Le son du disque m'a toujours un peu déçu car il ne réflète vraiment pas notre sonorité réelle. Si seulement vous pouviez entendre les bandes originales, vous seriez étonnés par la différence! Particulièrement sur Une partie de son coeur, où on entend à peine l'orgue dans le fond alors qu'il était beaucoup plus présent en réalité; ça donnait une sonorité bien plus enveloppante. En passant, ce piano que tu qualifiais de honky tonk, c'était un piano à queue! C'est tout dire.


Lydia est une pièce composée par Serge Vallée sur laquelle j'ai pu coller des paroles qui m'étaient inspirées par une situation qu'une connaissance vivait. Je crois encore, 45 ans plus tard, que Jacques interprétait très bien ces deux pièces. Et pour la petite histoire, Jacky avait effectivement une légère sonorité anglophone...


Il est étonnant de constater qu'aucune des deux faces de cet unique simple ne fut compilée ou rééditée depuis sa parution originale. Pressé sur l'étiquette Sonore en avril 1968, le simple ne semble pas avoir bénéficé d'une quelconque promotion et sombra rapidement dans l'oubli malgré le talent et la fougue de ses interprètes.


Aux premières notes martelées sur un piano aux sonorités honky tonk, on remarque l'inventivité du Message gravitant autour de l'instrument: une signature plutôt épisodique au sein des groupes de l'époque. Dès que la ryhtmique se fait sentir, une section de cuivres élève et dramatise parfaitement cette histoire de rupture amoureuse. Le chanteur à la verve violente et au léger accent anglophone ajoute ce qu'il faut de soul à l'ambiance. Exhaltant!

On note rapidement que plusieurs instruments sont engouffrés dans le mix original, innexpliquablement relégués au second rang. Le son général des deux faces est en effet plutôt fin et manque de rondeur, de chaleur; le groupe n'est toutefois pas à blâmer. Loin de là! Une écoute attentive permettra ainsi d'apprécier la présence d'une section percussive aussi nerveuse qu'imposante et d'une guitare solo acérée qui aurait gagnée à être placée à l'avant-plan. Sans nécessairement être du registre pop-psychédélique, cette composition de Robert Prairie et Daniel Turcotte témoigne néanmoins d'une influence northern soul indéniable.









En arpentant les disquaires pour mettre le grappin sur ce simple, j'étais initialement motivé par la possibilité que Lydia soit en fait une adaptation francophone de Lydia Purple , second simple des Collectors (groupe de Vancouver, pré-Chilliwack). Il n'en est rien. Nous sommes plutôt récompensés par une autre composition originale, cette fois signée Daniel Turcotte et Serge Vallée. Dans un registre définitivement plus atmosphérique, le groupe ralenti la cadence et colore d'un certain mysticisme cette déchirante ballade à la prose, somme toutes, ininspirée. Le chanteur ne se rend-t'il pas compte que c'est sa timidité qui aura le dessus sur cet amour impossible? Je connais une fille; elle se nomme Lydia. J'aime cette fille, mais elle ne le sait pas...


Pourtant, comme ce simple, au Québec, les Lydia, ça ne court pas les rues! Résonnant comme la rencontre fortuite du son de groupes aussi différents que Le Cardan et... César et les Romains (pensez à Je sais ), cette face B séduit par sa singulière vibration, émanant à nouveau d'un subtile jeu aux claviers. Un Hammond, un grand piano ainsi qu'un clavichord roucoulent sur cette valse qui cède efficacement à un bref solo de guitare sèche électrifiée et de sincères passages parlés de rigueur. «Regarde-moi, j'te parle» peut-on entendre dans les toutes dernières secondes. J'achète, mais visiblement, Lydia ne comprenait pas le message... Qui écoutait alors?

Je tiens à chaudement remercier M. Turcotte pour sa générosité. Transmettez-lui votre admiration en laissant un commentaire. Bonne écoute!

Here's a rare find on the small Sonore label, offering two originals titles. While "Une partie de son coeur" (A part of her heart) is an up-beat piano-driven pop number with brass, the b-side (Lydia) is a moody pop-psych song with sweet Hammond and clavichord vibes. Lydia has no connexion whatsoever with Vancouver's The Collectors tune, Lydia Purple . Pressed in small quantities during the spring of 1968, this one never even got the chance to be cmoped or reissued since. Thanks to their original drummer, Daniel Turcotte, we can now appreciate some color shots of this Laval (north of Montreal) band.



7 commentaires:

Sébastien Desrosiers a dit...

Avant qu'on ne me le demande:

La photo floue utilisée montre un groupe de parfaits inconnus sur scène, ça pourrait être n'importe qui. En attendant des nouvelles du Message, fallait bien combler l'en-tête.. ; )

Vente de garage a dit...

WOW!
Excellent article!!! C'est tellement bon Le message! Je te souhaite de retrouver ces musiciens extraordinaires!
Félix

Sébastien Desrosiers a dit...

Merci Félix. Cet intriguant groupe vaut bien la peine d'essayer! C'est pour ça qu'on blogue. Et.. y'en a tellement d'autres. = )

Simon a dit...

Super découverte Séb, Bravo.

Je dénote une petite touche Psych. Surtout pour "Lydia", mais même un peu sur "Une partie de son coeur". Ça ne métonne pas que je découvre ce groupe venant de toi...

yeyequebec a dit...

Bravo pour cet article sur cette obscure galette. Un disque qui se démarque du reste par sa sonorité et sa rythmique.
Merci mon cher!

Sébastien Desrosiers a dit...

Merci les mecs. Vous me connaissez, je n'aime pas trop publier un article à propos d'artistes sur lesquels je ne peux rien ou presque rien ajouter. N'empêche, dans ce cas-ci, fallait bien lancer une bouteille à la mer... ; )

Simon: T'as raison. Sans parler de psychédélisme pur, je l'ai tout de même classé dans cette catégorie "par extension". Y'a un soupçon d'avant-pop là-dedans!

StéphaneB. a dit...

Salut S_ébastien.
Encore une fois tu frappe fort avec cet article que tu as pondu.
Malheureusement pour nous le groupe ¨Le Message¨n'avait pas un nom prophétique puisqu'ils nous ont laisser aucun indice permettant de retrouver leurs traces.Mais il ne faut pas désespérer,tout fini par se savoir un jour ou l'autre.