dimanche, novembre 09, 2008




À la rencontre des Frères Bonneville
Seconde partie:
The Purple Haze


Suivant la publication de son unique simple, Yvon Bonneville fonde et opère brièvement son propre label en 1967. The Memphis Sound (second clin d'oeil au King) n'aurait en fait publié que cet unique 45 et, bien que libellé 4002, aucun titre selon Lucien Bonenville ne précédait le simple du Purple Haze. Expression de l'underground, cette «brume pourpre» fut popularisée simultanément par Jimi Hendrix (Top 10 UK, mars 1967) et l'acide (LSD) du même nom mijotée par le sonorisateur/chimiste/mystique Owsley Stanley sur la côte ouest des États-Unis. Surfant sur ses effluves lysergiques, la contre-culture rejoint subitement la masse cette année et électrifie sans crier garde la scène montréalaise, de ses boîtes à chansons aux happenings présentés à l'Exposition Internationale.

Affiche promotionnelle du groupe, 1967.

Nous n'avons que peu d'information concernant les membres du groupe, mais Yvon Bonneville (producteur) souligne qu'ils étaient tous francophones. Par sa production, ce dernier inscrivait une certaine cassure par rapport à son simple pour Disques Monde: l'ambiance est maintenant plus saxonne et moins ancrée dans le son typique de la scène Québécoise de l'époque. Comme chez Charlebois, Les Sinners ou les Kantos, en choisissant de chanter en anglais, ces artistes Québécois tentaient à la fois de s'ouvrir au monde (géographiquement en s'américanisant; culturellement, suivant l'invasion britannique) tout en abandonnant quelques stigmates culturels au passage. De ce choix, force est d'admettre que plusieurs groupes s'investissèrent ainsi d'une liberté accrue pour produire des simples plus avant-gardistes, risqués et parfois définitivement plus fidèles à leurs aspirations.





C'est le cas de l'époustouflante Love is fine. Bien que reléguée en face B, ce titre upbeat mérite d'être redécouvert comme une des perles garage Québécoises parmi nos plus incisives. Signé par R. Graves, R. Turker, P. Hopkins & Nim Capra, il s'agirait vraisemblablement d'un titre original. À grands coups de tambourin, vous aurez droit à un rock nerveux à la judicieuse croisée du garage et du psychédélique qui n'est pas sans rappeler le son du Plastic Cloud ou même des Amboy Dukes. On y découvre un guitariste talentueux en pleine ascension cosmique, noyé dans un son propre fuzz! Freak Out! À l'opposé de cette déflagration, The old man (R. Graves), se présente comme une marche sobrement orchestrée avec une déclinaison british plutôt feutrée. L'histoire de vieil homme s'accrochant à ses derniers instants rejoint dans sa structure dépouillée aux choeurs délicats quelques-unes des chansons tardives du groupe The Collectors. La production demeure au premier degré et aurait gagné à complexifier les arrangements; malgré tout cette face A se démarque en n'étant pas si facilement cataloguée comme ballade, rock ou autre. Commercialement, c'est plutôt risqué comme simple pour 1967: saluons l'audace!

Avez-vous fait partie du groupe The Purple Haze? Entrez en contact avec moi et partagez vos précieux témoignages avec nous. Je tiens à remercier à nouveau Lucien & Yvon Bonneville pour leur ouverture et leur générosité. Preuve de son intérêt toujours marqué pour la scène Québécoise des années 60, Lucien Bonneville m'achemina cette semaine quelques rares photographies des artistes représentés par l'Agence le P.G. de Granby. On y retrouve entre autres Bob (sans les Damiks) ainsi que les mythiques Moribonds! Ça vaut certainement un commentaire de votre part!



Téléchargez le catalogue complet / Download the complete catalog:

Bob & les Damiks, Yvon Bonneville & The Purple Haze
(Disques Monde & Memphis Sound, 1966-1967)

3 commentaires:

yeyequebec a dit...

Wow! Merci pour les photos des Moribonds et de Bob des Damiks. Les Moribonds sont très cool dans une pose classique des groupes garages. Merci aux frères Bonneville pour la bonne musique et leur apport à ce blog.
Merci S.ébastien pour ton travail.

Vente de garage a dit...

wow - wow - wow!!!
vraiment Love is fine de The Purple Haze, c'est excellent!
Et les photos de Bob des Damicks + Les Moribonds, INCROYABLE!! C'est du jamais vu!
Mille merci à toi S.ébastien et aux frères Bonneville!

Sébastien Desrosiers a dit...

Merci pour vos commentaires! C'est le genre de rencontre que je souhaite répéter... En effet, Love is fine torche (faute d'une meilleure expression) comme c'est pas possible!

Je numériserai pour Misérablement Vôtre quelques unes des photos que Lucien m'a posté. J'ajouterai à cela quelques rares photos supplémentaires tirées d'un numéro de Disque-Ton de 1968 que j'ai trouvé hier chez Primitive. Au menu: les Sinners, le 25e Régiment, Les Lutins, etc. Vous adorerez!