La Minorité - Vive la liberté (1966; Disques Monde 65002)
Les Disques Monde, cette étiquette qui fascine les collectionneurs avertis, avait décidément un penchant pour les talents excentriques, les outsiders... Plusieurs fois plebiscité sur Vente de Garage & Patrimoine PQ pour sa vingtaine de simples 45 tours, le label misait sur des artistes fétiches aux oreilles des amateurs de rock garage: Bob & les Damiks, Les Moribonds, Les Standells, Yvon Bonneville, le Baron Philippe et même Nono Deslauriers s'y distinguent par leur son primal et leurs interprétations débridées. On ne s'en lasse pas. On y publia aussi quelques rares albums; au gré de mes recherches, deux seuls furent répertoriés: Les Différents (65001) et La Minorité (65002). D'après messieurs Bonneville, un troisième long jeu existerait, une compilation plus précisément; si vous pouvez confirmer ou non cette supposition, écrivez-nous.
La fête de tous les Québécois, la Saint-Jean-Baptiste, est à nos portes. En marge des célébrations plutôt rangées de Montréal (celles de Québec se distinguent), plusieurs événements alternatifs ont lieu en province. Le spectacle L'Autre Saint-Jean, qui se déroulera au parc Pellican de Montréal, aurait sûrement apprécié une meilleure publicité. Résumons: le groupe Lake of Stew et l'homme-orchestre rockabilly Bloodshot Bill furent invités à jouer, aux côtés de Malajube, Vincent Vallières et cie. Un promoteur se plaint que ces artistes ne chantaient qu'en anglais et, comme la Fête Nationale impose la langue française, la situation devenait délicate aux yeux des organisateurs. Exit donc Bloodshot et Lake of Stew. Un débat médiatique s'intensifia dans les jours suivants avant que la situation ne soit rapidement corrigée: les deux artistes pourront finalement chanter et ils le feront dans leur langue, l'anglais. Lisez toute l'histoire ici. Il demeure essentiel d'insister sur la prédominance de la langue française au Québec, ça va de soi, mais jamais au détriement d'autres Québécois de souche. La nationalité des Québécois anglophones méritait-elle d'être remise en question? Non. Ils sont pourtant établis en province depuis des siècles et , comme vous et moi, ils ont des droits. Les collets bleus (nos propres redneck) du Québec n'ont-ils rien appris, négligeant de s'unir aux autres minorités de leur propre province pour s'affirmer ultimement comme ce grand peuple dont rêvait Lévesque?
C'est aujourd'hui La Minorité qui nous offre une leçon d'humilité 101... si vous voyez ce que je veux dire. Référons-nous aux notes de Réjean Lizotte, au verso de la pochette.
La France à "Les Double Six", les États-Unis ont "The New Christy Minstrels", le Québec à maintenant "La Minorité". Ce groupe, sans guitare électrique, sans garçons aux cheveux longs, sans filles à gogo est ce qu'il y a de plus nouveau sur le marché Québécois de la chanson.Pleins d'enthousiasme, pleins de ferveur, ils sont 17 garçons et filles, parlant anglais et chantant en français. Ils chantent leur amour, leur mélancolie, leurs fanfaronades avec ardeur. Amoureux, ils le sont dans Mon pays de Gilles Vigneault. Mélancoliques, ils le sont dans La Manic de Georges Dor. Fanfarons, ilos le sont dans Le gtrand six pieds de Claude Gauthier. Ils chantent aussi plusieurs versions françaises de chansons folkloriques américaines.
Le nom du groupe vient de la langue maternelle des chanteurs: ils sont pour la plupart Anglo-Québécois Tous ont en commun leur étiquette Québécoise. Québécois, tous le sont, et de la plus "pure laine". Sept sont des filles: Cheryl Giffin, Barbara Smith, Margaret Delaney, Nancy Embregts, Diane Simard, Florence Levers & Mariette Legault. Sept sont des garçons: Jim Fraser, Andy Cohen, Don Grovestine, Gary Hicks, Bob Kirkwood, Bob White & Bruce Carter. Pour les diriger: Gary Ouellet, accompagné à la guitare et au piano de Penny Skelton et John Embregts. Ils vous offrent maintenant leur premier microsillon en langue française. Mais il faut une oreille bien fine pour remarquer le léger accent "ennemi". Quand vous l'aurez dix fois remis sur le tournedisque, vous n'y entendrez plus que du feu.
Ensemble, les Ouellet et les Fraser, les Simard et les Smith, les Cohen et les Delaney nous prouvent que c'est une bonne alliance, une qui va au-delà des langues. Qui sait, du jour de ce disque, être une minorité sera peut-être un statut qu'on recherchera.
Étonnant! Bon, je vous l'accorde, certaines tournures sont mal choisies (un léger accent ennemi) ou mal formulées ( joindre une minorité à la mode? ). Saluons essentiellement l'audace de ce groupe! Il se distingue déjà des autres artistes signés sur Disque Monde par son approche strictement folk et ses chants plutôt pesants. Sobres, ces interprétations teintent malgré tout d'une couleur singulière notre courtepointe fleurdelysée, tissée serrée.
CONCOURS :
Profitons de la Saint-Jean-Baptiste pour entretenir notre mémoire culturelle au diapason de notre devise: Je me souviens. J'offrirai un (1) exemplaire du plus récent essai de Réal La Rochelle, Le patrimoine sonore du Québec; La Phonothèque Québécoise , parmi ceux qui pourront identifier au moins une reprise (différente des trois nommées plus haut) interprétée par La Minorité et du même coup nommer l'original (titre ou artiste). Je recueillerai vos réponses et divulguerai un(e) gagnant(e) le 1 er juillet 2009. Acheminez votre réponse au kiosquealimonade@yahoo.ca ou laissez un commentaire à la suite de cet article.
La fête de tous les Québécois, la Saint-Jean-Baptiste, est à nos portes. En marge des célébrations plutôt rangées de Montréal (celles de Québec se distinguent), plusieurs événements alternatifs ont lieu en province. Le spectacle L'Autre Saint-Jean, qui se déroulera au parc Pellican de Montréal, aurait sûrement apprécié une meilleure publicité. Résumons: le groupe Lake of Stew et l'homme-orchestre rockabilly Bloodshot Bill furent invités à jouer, aux côtés de Malajube, Vincent Vallières et cie. Un promoteur se plaint que ces artistes ne chantaient qu'en anglais et, comme la Fête Nationale impose la langue française, la situation devenait délicate aux yeux des organisateurs. Exit donc Bloodshot et Lake of Stew. Un débat médiatique s'intensifia dans les jours suivants avant que la situation ne soit rapidement corrigée: les deux artistes pourront finalement chanter et ils le feront dans leur langue, l'anglais. Lisez toute l'histoire ici. Il demeure essentiel d'insister sur la prédominance de la langue française au Québec, ça va de soi, mais jamais au détriement d'autres Québécois de souche. La nationalité des Québécois anglophones méritait-elle d'être remise en question? Non. Ils sont pourtant établis en province depuis des siècles et , comme vous et moi, ils ont des droits. Les collets bleus (nos propres redneck) du Québec n'ont-ils rien appris, négligeant de s'unir aux autres minorités de leur propre province pour s'affirmer ultimement comme ce grand peuple dont rêvait Lévesque?
C'est aujourd'hui La Minorité qui nous offre une leçon d'humilité 101... si vous voyez ce que je veux dire. Référons-nous aux notes de Réjean Lizotte, au verso de la pochette.
La France à "Les Double Six", les États-Unis ont "The New Christy Minstrels", le Québec à maintenant "La Minorité". Ce groupe, sans guitare électrique, sans garçons aux cheveux longs, sans filles à gogo est ce qu'il y a de plus nouveau sur le marché Québécois de la chanson.Pleins d'enthousiasme, pleins de ferveur, ils sont 17 garçons et filles, parlant anglais et chantant en français. Ils chantent leur amour, leur mélancolie, leurs fanfaronades avec ardeur. Amoureux, ils le sont dans Mon pays de Gilles Vigneault. Mélancoliques, ils le sont dans La Manic de Georges Dor. Fanfarons, ilos le sont dans Le gtrand six pieds de Claude Gauthier. Ils chantent aussi plusieurs versions françaises de chansons folkloriques américaines.
Le nom du groupe vient de la langue maternelle des chanteurs: ils sont pour la plupart Anglo-Québécois Tous ont en commun leur étiquette Québécoise. Québécois, tous le sont, et de la plus "pure laine". Sept sont des filles: Cheryl Giffin, Barbara Smith, Margaret Delaney, Nancy Embregts, Diane Simard, Florence Levers & Mariette Legault. Sept sont des garçons: Jim Fraser, Andy Cohen, Don Grovestine, Gary Hicks, Bob Kirkwood, Bob White & Bruce Carter. Pour les diriger: Gary Ouellet, accompagné à la guitare et au piano de Penny Skelton et John Embregts. Ils vous offrent maintenant leur premier microsillon en langue française. Mais il faut une oreille bien fine pour remarquer le léger accent "ennemi". Quand vous l'aurez dix fois remis sur le tournedisque, vous n'y entendrez plus que du feu.
Ensemble, les Ouellet et les Fraser, les Simard et les Smith, les Cohen et les Delaney nous prouvent que c'est une bonne alliance, une qui va au-delà des langues. Qui sait, du jour de ce disque, être une minorité sera peut-être un statut qu'on recherchera.
Étonnant! Bon, je vous l'accorde, certaines tournures sont mal choisies (un léger accent ennemi) ou mal formulées ( joindre une minorité à la mode? ). Saluons essentiellement l'audace de ce groupe! Il se distingue déjà des autres artistes signés sur Disque Monde par son approche strictement folk et ses chants plutôt pesants. Sobres, ces interprétations teintent malgré tout d'une couleur singulière notre courtepointe fleurdelysée, tissée serrée.
CONCOURS :
Profitons de la Saint-Jean-Baptiste pour entretenir notre mémoire culturelle au diapason de notre devise: Je me souviens. J'offrirai un (1) exemplaire du plus récent essai de Réal La Rochelle, Le patrimoine sonore du Québec; La Phonothèque Québécoise , parmi ceux qui pourront identifier au moins une reprise (différente des trois nommées plus haut) interprétée par La Minorité et du même coup nommer l'original (titre ou artiste). Je recueillerai vos réponses et divulguerai un(e) gagnant(e) le 1 er juillet 2009. Acheminez votre réponse au kiosquealimonade@yahoo.ca ou laissez un commentaire à la suite de cet article.
Bonne chance!
Bonne Fête à tous les Québécoises & Québécois...sans exception!
The Disque Monde label output has collectors salivating over great under-rated garage numbers from such diverse acts as Yvon Bonneville, Les Moribonds, Bob & les Damiks, Le Spectre and many more (see links in the french version below). They also produced some scarce LPs like Les Différents (65001), La Minorité (65002) and another rumored compilation.
La Minorité (The Minority) is a bunch of (mainly) anglophones from Quebec, 17 musicians total: our own New Christy Minstrels if you like. So, instead of the usual garage-beat record, this label also covered the folk scene. This record has no long-haired musicians, no gogo girls nor electric guitars (as stated in the liner notes) but still offered something quite unique for the era: local english-speaking artists covering french-canadian folk standards (and other US favorites) and singing them in french! Totally in sync with this Saint-Jean Baptiste's (our national holyday) festivities where a couple of "blue necks" objected to the performance of english-speaking artists at a Montreal show and thus forgeting that they're still as Quebecois, no mater what language they speak... Happy Saint-Jean-Baptiste to all Quebecois, no exceptions!
Téléchargez l'album complet / Download the complete album:
La Minorité - Vive la liberté (1966; Disque Monde 65002)
Bonne Fête à tous les Québécoises & Québécois...sans exception!
The Disque Monde label output has collectors salivating over great under-rated garage numbers from such diverse acts as Yvon Bonneville, Les Moribonds, Bob & les Damiks, Le Spectre and many more (see links in the french version below). They also produced some scarce LPs like Les Différents (65001), La Minorité (65002) and another rumored compilation.
La Minorité (The Minority) is a bunch of (mainly) anglophones from Quebec, 17 musicians total: our own New Christy Minstrels if you like. So, instead of the usual garage-beat record, this label also covered the folk scene. This record has no long-haired musicians, no gogo girls nor electric guitars (as stated in the liner notes) but still offered something quite unique for the era: local english-speaking artists covering french-canadian folk standards (and other US favorites) and singing them in french! Totally in sync with this Saint-Jean Baptiste's (our national holyday) festivities where a couple of "blue necks" objected to the performance of english-speaking artists at a Montreal show and thus forgeting that they're still as Quebecois, no mater what language they speak... Happy Saint-Jean-Baptiste to all Quebecois, no exceptions!
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La Minorité - Vive la liberté (1966; Disque Monde 65002)
8 commentaires:
J'ai déjà entendu "Le grand six pied" chanté par les Cowboys Fringants mais il ne l'ont jamais endisqué...
Ça devait leur coller à la peau cette reprise; le public devait apprécier!
plutôt cool, même si ce n'est pas le disque du siècle. c'est complètement à l'inverse de la situation habituelle (des français reprenant des chansons en anglais) et tout à fait approprié en cette période de fête nationale. les deux langues peuvent cohabiter et s'influencer entre elles, pour peu qu'il y ait de la bonne volonté.
Sages paroles..
Comme c'est bien dit! Bravo, Sébastien.
Merci Mimi, c'est gentil.
C'est Boukar Diouf qui a le mieux résumé tout ça en clamant son "Vive le Québec métissé serré"! ; p
allélouïa S.ébastien! : )
Je suis 100% d'accord avec ton texte!
La minorité, c'est peut-être pas le disque de l'année, mais le concept vaut vraiment la peine d'être connu!
Merci!
Merci Félix!
C'est vrai que dans ce cas-ci, c'est le concept qui prime sur le contenu. Je me demande d'ailleurs si nous ne pourrions pas énumérer d'autres artistes canadiens anglophones ayant chanté en français.
Il y a bien Bonnie Dobson qui a repris "Pendant que" de Vigneault et les Guess Who qui ont interprété un titre original en français (très bon d'ailleurs). Pour le reste, vous avez des idées?
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