lundi, novembre 16, 2009


La Famille Casgrain -
Le rêve de Noé / Aller Retour et Souvenir

(décembre 1969; Barclay B-60102)

&

Abandon #14 / Peel Ste-Catherine Jeudi Soir 9 Heures

(avril 1970; Barclay B-60119)


 La parution du plus récent ouvrage de Robert Thérien, Beau Dommage Tellement on s'aimait , m'a incité à vous initer aux sonorités d'un obscure quintette souvent mentionné, mais rarement analysé: La Famille Casgrain. Vous devinez déjà le lien qui les unit au célèbre groupe des années 70, n'est-ce pas... Les prochaines données biographiques sont d'ailleurs tirées de l'ouvrage de Thérien. Pour une analyse des autres projets parallèles à la naissance de Beau Dommage, visitez Vente de Garage pour un survol du groupe Morphus (Réal Desrosiers, Serge Fiori, Andy Harvey, Frank Dodman) ou le site de Claude Sirois, ancien membre de Équipe 79.

Le groupe prend forme à la toute fin des années 60 afin d'accentuer les compositions de Jean-Guy Durocher (guitare) et Pierre Voyer (chant). Sous l'impulsion de leur premier batteur-devenu-producteur, Louis Parizeau (Les Sinners, Révolution Française), on eut tôt fait de recruter Michel Hinton aux claviers, Pierre Bertrand à la basse, Michel Rivard à la guitare et Guy Berthiaume à la batterie. C'est bien connu, ces trois étudiants et futurs membres de Beau Dommage (Bertrand, Hinton,& Rivard) se feraient les dents sur scène à bord de la troupe théâtrale uqamienne La Quenouille Bleue avant de fonder leur propre groupe. C'est toutefois au sein de l'éphémère Famille Casgrain que le trio se réunierait pour la première fois; nous sommes au tournant de 1969-1970.


J'ai souvent avancé que c'est précisément à cette période que semble jaillir les premiers maillons d'une pop résolument moderne pour le Québec. Les influences musicales internationales fusent depuis Expo 67 et c'est sur ses dernières effluves qu'un son, une identité pop distincte émerge chez-nous. La Famille Casgrain fait partie de cette mouvance, même si son retentissement s'est quelque peu perdu entre la fin de l'âge d'or des groupes et les premiers élans folk-rock qui domineraient la décennie suivante... mais pas encore. Le groupe n'est pas un des premiers à complexifier des compositions folks légèrement surréalistes (Les Alexandrins), mais ainsi coincé entre deux décennies, on ne peut s'empêcher d'y déceler un avant-goût de la vague progressive à venir. Une pop marginale pas pîquée des vers, croyez-moi... mais qui ne dut pas dépasser les limites des cafés de l'UQAM.



Un premier simple est gravé en décembre 1969 *. En face A, Le Rêve de Noé avec sa prose animalière s'élabore loussement sur un air accoustique de bossa-nova juste assez aérien avant de crinquer la sauce à coups de marracas et de choeurs vaporeux. Écoutez ce segment et visualisez Bertrand à la basse!
Si la voix de Voyer laisse peu de place à la subtilité, elle ne tombe jamais dans le sirupeux. Au revers de ce simple, la surprise réside dans l'intriguante et dynamique Aller, Retour et Souvenir où le jeu de piano de Hinton prend l'avant-scène et dramatise habilement une mélodie à la rythmique complexe. Pop-prog!


 Abandon #14, la face A de leur second et dernier simple publié 4 mois plus tard, demeure le titre le plus ambitieux du groupe. Le jeu de Bertrand est fluide et inspiré alors que Hinton couche son solo de clavichord cousu de fil d'or sur des choeurs toujours aussi éthérés. Voyer y dépeint une étrange et tumultueuse rencontre:

La lune a peint le visage d'un ange en se glissant sur toi.

Tes souliers de papiers ne valent plus les portes de la nuit.

J'avais beau te chercher pour t'aimer maintenant...

La nuit éteint ce qui t'attriste, profitons du temps qu'il nous restera.


La montréalaise Peel Ste-Catherine Jeudi Soir 9 Heures continue d'ailleurs sur un thème similaire, celui d'une rencontre qui n'aura jamais lieu l'angle de ces rues... Cette face B offre une production plus dépouillée, démarant sur une introduction captivante qui cède plus loin la place à un pont instrumental légèrement jazzé. On ressent un léger cafouillage tout au long alors que la mélodie tarde à créer un quelconque impact et nous laisse finalement sur notre faim. N'empêche, en pleine Crise d'Octobre, l'histoire d'amour entre une anglophone et un francophone a de quoi étonner et séduire.

Vous avez fait partie de La Famille Casgrain ou avez assisté à une des rares prestations du groupe? Écrivez-nous! Nous ajouterons vos souvenirs et anecdotes à cet article.
Laissez un commentaire en téléchargeant.

* Mes exemplaires de ces deux 45 tours portent tous le sceau «Promotionnel». Quelqu'un sait si ces simples eurent une diffusion en dehors des radios universitaires?


Before forming 70's Quebec's supergroup Beau Dommage, bassist Pierre Bertrand, guitarist Michel Rivard and fellow pianist Michel Hinton were part of the short-lived band La Famille Casgrain. The quintet only recoded two rare singles on Barclay in december 1969 and april 1970, both produced by ex-Sinners/Revolution Française drummer Louis Parizeau. These pop numbers have slightly complex rythmic patterns and sometimes-surrealistic lyrics. Soft-psych fans, take notice! Leave a comment as you listen!


dimanche, novembre 15, 2009


Paul Morin, leader du groupe Guillotine nous écrit!
Nouvelles Informations

Nous n'avions pas manqué de vous initer au rock n' soul pesant de Guillotine et de sa sulfureuse frontlady, la chanteuse Carole Breval lors de notre récent podcast Les Filles d'Aujourd'hui. Paul Morin, leader du groupe, a tendu l'oreille et nous a contacté pour annoncer la mise en ligne de son propre site. Vous y retrouverez une foule de photos et anecdotes du parcours hors du commun pour ce groupe de Montréal. De rares documents promotionnels, découpures de presse et photographies personnelles de tous les groupes auxquels participa Morin en font un détour obligatoire. Naviguez dans la section «Artistes» pour vous en convaincre; toutes les photos du présent article sont d'ailleurs tirées de son site. M. Morin a gentiment voulu répondre à quelques questions.


S. Le groupe Guillotine a enregistré son album en Grande-Bretagne et publié ce dernier sur un label américain. Est-ce que le groupe a aussi eu une carrière florissante au Québec? Comment un tel parcours international s'est imposé au groupe pour son premier et unique album?

P.M. Nous avons donné plusieurs spectacles au Québec! Les artistes de l'industrie en ces temps-là étaient tous là pour nous voir performer. J'en garde de très beaux souvenirs. Tout a débuté par des spectacles que je faisais à dans l'état de New-York (à Messina entre autres) et autour de Boston, à River Beach. Ça a vite fait le tour des agences et Fred Petty est venu de Boston pour nous voir jouer à Montréal. Il est tombé en amour avec le band et Carol et ça a débuté ainsi, par une tournée aux États-Unis. Quand je suis tombé malade, notre gérante à New York venait de nous signer pour une tournée avec Joe Cocker et Black Sabbath... Mais pour moi ce fut la fin: j'étais trop malade et le band n'a pas voulu y aller sans moi. Mais aujourd'hui, je suis en pleine forme!

Guillotine en route vers les Olympic Sound Studios de Barnes, Angleterre (mai-juin 1971).

S. Parlez-moi de vos enregistrements en Angleterre. Ça doit être toute une expérience pour un jeune musicien qui propose son premier long jeu! Quelle étaient vos principales influences, d'ici comme d'ailleurs?

P.M. Ce que je vais te raconter n'a pas trop été ébruité depuis... À l'époque, j'apprends par notre gérante Mme Lee Apostoleris, une amie intime de Frank Sinatra, que nous allions nous réfugier à Magog pendant trois mois avec une personne qui avait travaillé avec le groupe Chicago pour leur chanson Make me smile. C'était Rick Kunis, mais j'ai jamais vérifié; à mon âge, je croyais tout! On a effectivement travaillé pour l'album à Magog mais soudainement on était en route pour l'Angleterre...

La meilleure technologie pour enregistrer des brass, c'était là. La première journée, avant d'entrer en studio, on m'annonce que la pochette sera réalisée par Bob Cato, celui qui avait fait une des pochettes de Blood, Sweat & Tears! Il y avait toujours des choses comme ça, pour nous énerver ou nous stimuler: il y avait toujours de la pression. Le deuxième jour, on nous dit que les Stones avaient enregistré dans le même studio et qu'un ami du groupe, un Jamaicain (NDLR; un musicien de Goat Head Soup probablement), viendrait nous voir enregistrer. Nous étions en studio en même temps que les groupes Funkadelic, Ten Wheels Drive, The Guess Who, Ten Years After et un tas d'autres...

Tu as entendu le long jeu, non? Je crois que nous étions à la hauteur! J'avais de très bons musiciens. C'était une expérience énorme que de se ramasser si vite dans la cour des grands. Les groupes Chicago ainsi que Blood, Sweat & Tears ont été des influences marquantes pour moi à l'époque. C'étaient les deux meilleurs groupes avec des cuivres et notre son a souvent été comparé au leur.


Market Place, 1970.
Paul Morin (avant-plan droit, guitare), Robert Turmel (basse), Pierre Girouard (batterie), Michel Fafard (trombone), François Pétrari (trompette), Francis Turner (chant), Joe Trevissono (trompette), Jean Morin (saxophone) & Paul Dalonzo (trombone).

S.
Parlez-moi de votre 45 pour Market Place, sur Polydor.
Ce groupe précédait la fondation de Guillotine?

P.M. Ben Kaye avait entendu parlé de notre groupe, alors voué à être populaire. Il nous a rapidement signé et fait enregistrer un simple pour Polydor Records. Après des performances télévisées à Toute la ville en parle et Like Young (Ontario), Carole Breval remplaça notre chanteuse Francis Turner et le groupe se renomma les Soul Caravan pour des tournées au Québec ainsi qu'aux États-Unis. Nous nous sommes ensuite rebaptisé officiellement Guillotine.

Carol Breval

S. Avez-vous suivi le parcours de vos collègues après la dissolution de Guillotine? À part Pierre Nadeau (bien connu), que sont-ils devenus?

P.M. Lorsque je suis tombé malade, les gars ont continué à travailler séparément. Robert Turmel (bassiste) est parti avec Claude Dubois. Mon frère, Jean Morin, a rejoint le musicien Mike Zarra. Mes brass furent intégrés dans un orchestre symphonique dans le nord de Montréal. Et Carol, elle chante toujours! Je me suis personnellement refait une santé et le goût de la musique m'est revenu. J'ai écrit récemment pour Tex Lecor (2004) et Yan David (2006) et travaille présentement sur de nouvelles compostions en compagnie de la chanteuse Charlyne.


Le duo Peaches & Herb, Pierre Perpall (à droite) & Carole Breval (gauche).

À l'image de cette photo ci-haut, tout ça ne manque pas de soul ! Morin propose même l'unique album de Guillotine pour l'écoute sur le site. Généreux. Il en est de même pour le simple de Market Place. On nous promet des extraits vidéos pour bientôt alors attendons la suite! Parlez-moi de ça, des artistes qui prennent en main leur biographie sur le Web en ouvrant leur coffre aux trésors!

dimanche, novembre 01, 2009

Problème Technique?

Plusieurs d'entre vous m'ont confié avoir de la difficulté à lire les récents articles, mystérieusement publiés «en lettres bleutées sur fond brun». Je vous rassure, je ne suis pas daltonien et ce n'était pas une louche décision esthétique de ma part. Je n'avais pas été témoin de ce problème et croyais que tout était lisible, en noir sur fond pâle. Il est possible qu'il y ait une incompatibilité entre Blogger et certains fureteurs.

Comme je souhaitais résoudre rapidement cet imbroglio technologique, j'ai opté temporairement pour un nouveau look qui se corrigera progressivement au cours de l'automne. Sobre, il cède la place aux textes et facilitera j'en suis persuadé votre lecture. Dites-moi ce que vous en pensez.



Technical Difficulties?

Some of you wrote about having some difficulties when reading my latest posts. It seems some of my texts were published with light blue fonts over a brown background... Not the easiest read! Must be an incompatibility between Blogger and some browsers. Anyhow, I've chosen to test a new look for the next couple of weeks. Hope y'all like it!