jeudi, juin 28, 2012

Normand Théroux - Tant de temps / Pour communiquer (Kot'Ai KO153; 1973)


Normand Théroux fut à ses débuts professionnels l'organiste du talentueux groupe La Nouvelle Frontière, un des meilleurs espoirs de la troisième vague des groupes à proliférer au Québec à la fin des années 60. Aux côtés de Robert Letendre, Denis Chénier, André Brault ainsi que Richard et Marie-Claire Séguin, Théroux ajouta sa touche distinctive aux claviers sur deux albums que je ne saurais trop vous recommander, La Nouvelle Frontière (Gamma; 1969) & L'hymne aux quenouilles (Gamma; 1970). Le groupe rencontra un bref, mais respectable succès critique et populaire, notamment avec la parution de leur second album où Théroux s'impose dorénavant comme principal compositeur. La ballade des bourgeois qui ouvre ce dernier est effectivement un indice précurseur de la suite musicale qui animait déjà notre organiste...


Les aspirations artistiques individuelles de ces musiciens auront bientôt raison du collectif; le groupe se dissout en 1971, malgré la tentative des Séguin pour le ressusciter avec de nouveaux membres. Des cendres de La Nouvelle Frontière, seuls les jumeaux Séguin et Normand Théroux semblent avoir poursuivi une prolifique carrière artistique. Au sein du duo Les Séguin et plus tard en solo, Marie-Claire et Richard poursuivraient dans la veine folk éthérée qui épousait déjà si bien leurs voix. Normand, de son côté, aspirait déjà à quelque chose de plus dynamique et complexe. Si les membres originaux du groupes souhaitaient corriger cette conclusion, je les invite à communiquer avec moi et il me fera plaisir d'ajouter leur témoignage à cet article. 

Mainmise 21 (mars 1973)

Deux ans plus tard, Théroux revenait sur disque le temps d'un simple pour le compte de l'aventureuse étiquette montréalaise Kot'Ai. Avec le début des années 70, Kot'Ai se distinguait en douceur de ses compétiteurs avec son flair pour les sonorités underground qui s'immiscaient progressivement sur les ondes radios. Ayant déjà recruté L'infonie et les rockeurs à succès du power trio Mohagony Rush, l'étiquette dirigée par Robert Nickford (anciennement chez Warner Brothers) miserait sur d'autres talents aussi prometteurs que diversifiés tels Moonstone, Toubabou, Les Séguin, l'américaine-en-visite Ellen McIlwayne ainsi que Willie Dunn, un chanteur micmac de Montréal. Le chanteur et producteur Tony Roman contribuait même au label en tant qu'ingénieur pour Moonstone avant d'y graver lui aussi son 45 tours. L'esprit collectif des communes et -commercialement parlant- un goût prononcé pour le risque semblait guider les choix de Kot'Ai. Fusionnant habilement le côté artistique/spirituel et la rigueur financière qui accompagne la gestion d'un catalogue risqué, il ne faut pas s'étonner que Nickford ait choisi d'illustrer son étiquette des symboles taoistes de l'eau et du tonnerre...

La Patrie (avril 1971).

Théroux reviendrait sous les feux de la rampe en 1974 au sein de l'étonnant et sous-estimé groupe progressif Le Match. Bien que ce simple précède l'enregistrement de l'album Légendes (Sonogram; 1974) et qu'il ne soit attribué qu'à Théroux, il porte néanmoins la signature sonore distinctive de son futur groupe. Tant de temps s'ouvre sur un bref passage à l'orgue et à la guitare rappelant inévitablement le pont de A whiter shade of pale de Procol Harum. Cette face A joue autant la carte mélancolique que positive au niveau des paroles, mais au final, c'est le dynamisme contagieux du groupe qui domine. Le chant n'est pas parfait et ajoute à l'aspect légèrement brouillon de la prise, mais nul ne mettra en doute l'efficacité des musiciens à innover à chaque passage, insérant flûtes, guitare flangée et violon (François Leduc, est-ce vous?) en orbite de l'orgue. Pour communiquer en face B charmera les oreilles plus aiguisées et les audiophiles friands de pop psychédélique aux accents progressifs qui en redemandent. Les amateurs du Match reconnaîtront ce titre qui figurerait plus tard sur leur album, mais cette version est complètement différente et offre des paroles légèrement modifiées. Personnellement, je préfère cette première version à la seconde, plus rapide et efficace, mais trop polie à mon goût. À nouveau, la composition s'appuie principalement sur les paroles mystiques et le jeu de Théroux. L'ensemble offre de copieux mouvements innovateurs, encapsulant plusieurs niveaux d'intensité en un peu plus de 4 minutes... Un joyeux tour de force!


J'invite tous les membres du groupe Le Match et particulièrement Normand Théroux à pimenter cet article de leurs anecdotes. Vos témoignages nous aideront à clarifier la genèse de votre groupe. Sur ce, bonne écoute! Laissez votre commentaire.

Rare popsike single with more than a few prog moves from ex-Nouvelle Frontière organist, Normand Théroux. This was his only solo 45 and was recorded before Théroux officially formed Le Match in 1974. Leave a comment as you listen.





dimanche, juin 24, 2012

Brigitte Martin - Québec je t'aime (L'Étiquette L1002; 1971)


Chers Québécoises, Québécois et québécophiles et touristes de la Belle Province, bonne Saint-Jean-Baptiste! 

Plus ça change au Québec, plus les mêmes constats socio-culturels semblent se répéter alors que le rêve d'indépendance mijote toujours au coeur des souverainistes. Ce simple peu commun publié en 1971 sur le microscopique label L'Étiquette (deux simples répertoriés, dont un autre de François Berthiaume) résonne toujours aussi fort 41 ans plus tard!

 Le Grand Ménage: Jacques Quesnel & Brigitte Martin.

La chanteuse Brigitte Martin fut l'une des nombreuses interprètes depuis les années 70 (Claude Gauthier, Gilles Vigneault, Luc & Lise, Paul Piché, Félix Leclerc, Modus Vivendi, etc.) à condenser les motivations de tout un peuple à se distinguer de ses «voisins canadiens». Au sein du duo Le Grand Ménage -un nom déjà plus qu'évocateur!- cette enseignante-devenue-chanteuse eut le temps de commettre deux 45 tours. Rapidement dépisté par le producteur Gilles Brown, le duo enregistrerait pour l'étiquette Apollo (une sous-division de Polydor) notamment un tube mineur (Quelle famille ) et une composition engagée, Les chômeurs québécois. Leur brève existence ne dépasserait pas ces 45 tours et au tournant de 1971, Martin lançait sa carrière solo. Elle délaissait ainsi son comparse Jacques Quesnel pour se rapprocher de l'arrangeur et producteur Jacques Crevier. Alors que Le Grand Ménage proposait un amalgame typique de folk et de pop avec quelques élans plus ludiques voire western, Martin cherchait à faire sa marque avec un hymne plus dramatique et à fleur de peau.

Le Grand Ménage (La Patrie; décembre 1970).

Faute de moyens probablement, le 45 tours fut pressé en mono, lui confirmant, pour l'époque en quelque sorte, le statut de pressage privé. Curieux pour Crevier, généralement habitué à un spectre sonore plus élaboré, mais l'arrangeur avait plus d'un tour dans son sac. L'étonnamment joyeuse composition Chu découragée fut retenue en face A. Le ton est léger, on chante l'oisiveté et la paresse sur un air qui aurait très bien pu plaire à Marthe Fleurant ou plus précisément à Marie Savard, une influence évidente. Personnellement, je ne suis pas un fan des refrains en la-la-la-la-la... que voulez-vous.

Le monde est r'viré à l'envers.
Y'a plus rien à inventer: chu découragée!

La pièce de résistance -et de circonstances!- se terre en face B. Québec je t'aime, cosignée par Martin et Crevier, compresse une dense instrumentation sur laquelle Martin vous décoche une salve de constats patriotiques parfumés à la vitriole. Pas de doute, fallait que ça sorte... Un  guitariste vient saturer en conclusion la trame sonore d'un discours digne des célébrations de la Saint-Jean-Baptiste. Intense! Je perds la trace de Brigitte Martin à la suite de cet unique (?) 45 tours. Si vous avez des informations quant au reste de sa carrière ou celle de son ex-comparse Jacques Quesnel, écrivez-nous. En attendant, bonne écoute et bonne Saint-Jean!

Connaissez-vous un pays où on va continuer à parler en joual
Parce que le joual c'est not' langue
Oui, vous allez voir qu'on va l'bâtir.Le pays bondira pas des familles nombreuses pis des quêtes de missionnaires
Vous allez voir qu'on va le bâtir le pays de l'amour, de l'équilibre et de la liberté




lundi, juin 18, 2012

Sebastian - Enregistrements Apex & MCA (1969-1970)

Sebastian (Photo Joural; octobre 1970).


Sabastien - Simples Apex (1969)
  
Dans les années 60 et 70, la province recèlait déjà de ces jeunes prospects se présentant sous la forme d'un unique prénom. C'était mignon, accrocheur. Bien souvent, leur carrière semblait aussi brève que leur sobriquet (à l'exception de Karo ou Nanette) et leur biographie difficile à retracer pour les futurs archivistes que nous sommes. Qui pouvait bien alors se cacher derrière mon homonyme, ce chanteur mononominal québécois qu'on appelait Sebastian? Ne vous méprenez pas, il ne s'agit pas du chanteur prépubère Sébastien qui publia vers 1974 un album sur étiquette Totem et qui dû même s'appeler "Sébastien II" pendant un temps... Ni même du torontois Sebastian (Agnello) qui enregistra l'album psychédélique Head Roach ou du talentueux  chanteur suédois Sebastian qui publia aussi un simple chez-nous à l'époque. Non, c'est bien de Sebastian qu'on discute.

Non pas lui, l'autre! (Photo-Journal; février 1970)

 Largement méconnu chez-nous depuis les années 70, il a néanmoins été redécouvert à l'international en 2009 par le biais d'une timide réédition de son album Rays of the sun sur l'étiquette anglaise ACME. Les britanniques raffolent de ses mélodies pop psychédéliques et de ces chaudes orchestrations gracieuseté de l'arrangeur Roger Gravel; alors, pourquoi pas nous? Revenons donc sur les premiers pas dans le showbusiness de ce mystérieux chanteur.
 
Sebastian est originaire de Londres, en Angleterre. Malgré toutes mes recherches, je n'ai pas encore réussi à retracer son nom complet... Il y demeurera quelques années avant de déménager avec sa famille à Montréal dès l'âge de 5 ans. Une guitare reçue pour son dixième anniversaire catalyserait les aspirations artistiques du jeune musicien. Faisant l'allez-retour entre les deux rives de la Main, il joue le tout pour le tout et mise initialement sur un public francophone. Cela avait réussi à Nanette, aux groupes Les 409 ou Les Chantels, pourquoi pas lui? Il adopte alors un curieux sobriquet pour se démarquer: Sabastien

 Sabastien, découverte des disques Apex (Programme de la tournée Musicorama; 1969).

C'est ainsi nommé qu'on le retrouve chez Apex, au début de 1969, pour ses premiers enregistrements québécois. Dans une entrevue de novembre 1970, l'hebdomadaire Photo-Journal souligne qu'il y aurait enregistré trois simples; à ce jour, je n'en ai retracé que deux. De plus, deux autres 45 tours enregistrés pour le public américain manquent toujours aussi à ma discothèque. Si vous souhaitiez contribuer à cet article en partageant ces enregistrements, il me fera plaisir de les diffuser.



Ce simple propose une relecture du tube international "Dizzy" -rebaptisée J'ai peur - du chanteur américain Tommy Roe. «Dizzy» avait beau être en première position des palmarès canadiens, la version de Sabastien ne se distinguait déjà que très peu de celle du chanteur Daniel Nicolas, un autre mystérieux prospect pour l'étiquette Jupiter. La comparaison ne s'arrête pas là puisque Roger Gravel signe aussi l'arrangement de ce simple. Il rejoindrait sous peu Sabastien afin d'orchestrer son album... Intriguante coincidence! La face B, Ce n'est pas facile d'aimer , est une relecture du hit de l'américain Gene Pitney, It hurts to be in love . Un choix aussi plutôt discutable pour se démarquer et faire bonne impression avec un premier simple, ce tube datant déjà de 5 ans... Pour ce 45 tours, la production est confiée au nébuleux Ron Dikhof qui réalisa un simple au charme discret, mais qui ne su pas s'imposer à l'époque.

Sebastian et Apex ne jettent pas l'éponge et envisagent déjà un second simple, Hélène avec Un petit peu d'amour en face B. Afin d'acroître la popularité du jeune chanteur, Apex pressera ce simple serti d'une pochete-photo. Une critique du simple publiée dans le Télé Journal de juin 1969 s'indiffère de ce nouveau venu ou de son disque et s'entête plutôt à lui trouver des défauts. C'était vague et plutôt assassin comme propos... rien pour stimuler de quelconques ventes!

Critique originale du second simple de Sabastien (Télé Journal; juin 1969)

Hélène semble être la première composition originale de Sabastien sur disque. Le critique musical de l'époque s'emportait à propos de l'accent du chanteur; au bout du compte, ce détail demeure négligeable. Cette ballade démarre délicatement avec ses violons et ses quelques notes de clavecin avant de s'intensifier de cuivres au refrain. Le style musical rappelle celui du chanteur français Christophe ou de Donald Lautrec sur son album éponyme de 1968. Ce qui distingue ce second simple, c'est l'arrivée de l'arrangeur Roger Gravel, cet ancien pianiste pour le groupe Les 3 Bars. Avec ce dernier, l'instrumentation se complexifie et s'impose d'avantage, feutrant le jeune chanteur dans sa pop orchestrale.

La Patrie; août 1970.

HAIR (La Comédie Canadienne; septembre & octobre 1970)

À l'été 1970, le jeune chanteur fut remarqué par les artisans responsable de l'adaptation montréalaise de la comédie musicale Hair. Imaginée en 1967 par le compositeur montréalais Galt McDermot pour la scène newyorkaise, ce happening pop carburant de tous les tabous devient rapidement un succès retentissant à l'international.  Comme la troupe mise essentiellement sur de jeunes comédiens près des idéaux hippies, il faut se rendre à l'évidence que Sebastian avait la gueule de l'emploi. Il ne serait pas le seul... La distribution incluerait bon nombre de comédiens, danseurs, musiciens et chanteurs de la métropole issus de la contre-culture, des visages connus des initiés locaux et d'autres fraîchement débarqués au pays. La singulière réalité bilingue de Montréal inspirerait même les producteurs à proposer des représentations en français ainsi qu'en anglais, le plus souvent regroupées dans la même journée. 

La Patrie, septembre 1970.

Pour l'anecdote, l'adaptation en français fut confiée au dramaturge Gratien Gélinas ainsi qu'au journaliste et auteur Gil Courtemanche. Ce succès de Broadway développait ici une saveur locale, s'appuyant sur le jeu de François Guy (Les Sinners, La Révolution Française), Jay Boivin (Les Sinners), Erica Pomerance, Robert Ellis (The Medium), Kenny Hamilton (The Persuaders), Richard Groulx (Les Saxons) et j'en passe... Sebastian, lui, se verrait confier un des rôles principaux, soit celui de Berger, figure dominante de la bande de hippies qui tente de convaincre Claude (F. Guy) de ne pas s'enroler pour la guerre du Viet-Nam. Contrairement à la version française et à l'édition américaine, la distribution montréalaise de Hair n'eut pas la chance d'enregistrer un album. Toutefois, parallèlement à son premier rôle, Sebastian réalisait déjà de son côté son premier album solo. Avant d'y jeter un coup d'oeil, voici en primeur l'édition originale du libretto remis lors des représentations de septembre et octobre 1970 à la Comédie Canadienne.








Sebastian - Rays of the sun (MCA 7001; 1970)

Stylistiquement parlant, on pourrait tracer un certain parallèle entre Sabastian et la carrière solo du chanteur Éric (St-Pierre), cet ancien membres des Gamins et Méritas de la découverte de l'année 1967. Tous deux misent sur leur prénom, certes, mais chacun a su démontrer une rapide évolution entre leurs débuts en solo plutôt sages et rangés et d'innovants albums transitoires. À la même époque, Éric enregistrerait son second et dernier album (Un poète sur étiquette Pax; recommandé et réédité partiellement par les disques Mérite) alors que Sebastian s'affranchierait de son ancienne personnalité par son unique album, l'impressionnant Rays of the sun.


Back in love again qui ouvre l'album donne le ton dès ses premières mesures. La prise de son est crystaline et les arrangements plutôt denses et des plus étoffés. L'incontournable ingénieur Pete Tessier (By turning a knob) supervise en effet les enregistrements alors que la complexe orchestration est signée Roger Gravel. Cet ancien pianiste des Three Bars était devenu progressivement producteur et choisit de s'affirmer pleinement sur Rays of the sun, une de ses premières réalisations d'envergure. C'est d'ailleurs cette signature sonore un tantinet expérimentale de Gravel qui donne à l'ensemble des compositions pop originales de Sebastian un aspect légèrement psychédélique. Sur ce premier extrait, la prose du chanteur est pimentée de puissants accompagnements de cuivres et de cordes, couplés à une batterie phasée. On ressent une certaine urgence dans l'interprétation, celle de s'imposer et de se démarquer de ses pairs québécois. Effectivement, peu d'artistes à l'époque pouvait se vanter d'être propulsés par une aussi imposante armada de musiciens.

Love time explore à nouveau le thème amoureux, mais double littéralement la cadence. De glorieux cuivres et une rythmique juste assez déjantée propulsent ce titre jusqu'à son solo de guitare frénétique. Dommage que les musiciens de Gravel n'aient pas été cités sur la pochette. Elaine ajuste la question de l'accent du chanteur qui réinterprète en anglais son propre simple, Hélène. Le mix original est conservé, seul le chant semble avoir été adapté. Smile a little et Through with our love illustrent à nouveau le penchant de Sebastian pour les ballades, parfois sirupeuses, mais d'une indéniable influence saxonne. Smile a little se défend toutefois par son solo de sitar électrique (une Coral si je ne m'abuse) et un percutant jeu de batterie dans son refrain.

Photo Journal, 25 octobre 1970.

Be what you are démontre la transition du chanteur de charme vers son nouvel idéal hippie alors que sa prose appelle cette fois à la tolérance et à l'authenticité: une leçon sûrement héritée de son interprétation dans Hair. Finie la mascarade, fallait se dire les vraies affaires... Jubilation rappele les aspirations pop de groupes tels The Lemon Pipers (US) ou Grapefruit (UK). Son tempo up-beat en 2/4 est entraînant et l'ensemble s'égaye par un second solo de sitar électrique. Du bonbon. Comme son titre l'indique, Now that it's over clos l'album dans un registre plutôt rangé, mais qui bénéficie encore une fois d'une orchestration salutaire et d'un habile jeu de guitare classique.

De ce bref album (36 minutes), il faut néanmoins retenir deux compositions qui se démarquant du lot: Passages et la pièce-titre, Rays of the sun. Nettement plus introspectives et dépouillées, ces deux chansons sont les seules où Sebastian se substitue à Roger Gravel au niveau des arrangements. Exit les cordes et les cuivres et place à un accompagnement plus minimal, quoique drôlement bien huilé. Les deux pièces émettent la même singulière vibration et prennent tout leur temps pour instaurer une ambiance feutrée et éthérée à souhaits. Je soupçonne toutefois Gravel d'être au piano sur ces deux morceaux. Passages, avec cette voix modifiée par l'utilisation d'un amplificateur Leslie, semble vouloir imager une transition quelconque, vers l'au-delà ou une dimension parallèle, avant de conclure sur une finale touffue et inspirée. Mystique!

Right towards the lights and sounds diminishing the cure of senses
A soldier of galaxies gives his riddles all in consequences.

On sent un chanteur définitivement plus investi et mélancolique sur Rays of the sun, la pièce phare de son unique album.La description de sentiments inconnus doublée de poétiques observations cosmiques laissent croire que nous avons affaire à un hymne post-lysergique. Sebastian est à fleur de peau et se laisse bercer par les envollées d'un guitariste, comme lui, en orbite. Grandiose!

Upon a trip that I once knew before the break of dawn
I crossed the stellar spaces, my journey carried on.
As I passed all planets, my mind was in a maze
The I turn and faced it and was blinded by the rays of the sun.



Je tente toujours de retracer le chanteur Sebastian. Si vous aviez des informations quant à son identité, aux simples américains qu'il a enregistré ou que vous étiez en mesure de m'indiquer comment rejoindre son arrangeur, Roger Gravel, je vous invite à me rejoindre par couriel. Bonne écoute!


Téléchargez l'album complet et les simples / Download the full LP and 45s :  Sebastian - Rays of the Sun (MCA; 1970)