dimanche, décembre 14, 2008

Les Choeurs de Raymond Berthiaume - Plein choeur sur les Bel Canto (1969; Barclay 80060)









Lorsqu'il fallait pondre un tube original, Dany Bolduc & René Letarte n'hésitaient pas à se démarquer des groupes pastichés en imposant leurs mélodies simples et audacieuses sur les palmarès Québécois. Les deux principaux compositeurs des Bel canto avaient du flair pour pondre des hits d'envergure internationale (Découragé, Quand reviendras-tu, Coui Coui, Olé le Matador). Sous la tutelle de leur gérant, Jean Beaulne des Baronets, ces fiers titulaires du Méritas du meilleur groupe au Festival du disque en 1969 se produieront même en Europe (enregistrant un simple aux studios EMI de Londres en passant) et à l'Exposition Internationale d'Osaka au Japon en 1970. Lisez leur courte biographie sur le site de René d'Antoine (anciennement René Letarte) ou préférablement l'article proposé par Québec Info Musique.


Publié au zénith de cette formation qui progressivement se mutait en Les Kanto/Bel Kanto, Plein choeur sur les Bel Canto offrait de revisiter le catalogue du prolifique groupe en lui insuflant une nouvelle intensité, gracieuseté des choeurs de Raymond Berthiaume. Depuis ses débuts sur disque, ce chanteur de charme aux accents jazzés affectionnait en effet les orchestrations étoffées et les choeurs savamment calibrés. Les voici maintenant s'adaptant aux rythmes d'un house band aussi anonyme que tight, sous la supervision de l'arrangeur Yves Vincent (arrangeur/producteur pour les labels dont Avril et Trans-World Canada) et du directeur artisitque Yves Martin (déjà producteur des Bel Canto et des Contretemps pour ne nommer que ceux-ci). Comme ces deux noms se sont frottés à de nombreux artistes durant les années 60, j'en appelle à vos connaissances; énumérez ceux qui vous viennent à l'esprit en laissant un commentaire. Je sens que cette liste sera longue...

Revenons à la musique... Il ne faudrait pas pour autant cataloguer cet album comme une simple adaptation pour chants choraux. Plusieurs seraient déjà rebutés par cette catégorie souvent jugée trop pastorale et habituellement réservée aux productions religieuses plus éthérées. Or, cet exercice de style se révèle être plutôt inventif, offrant des harmonies complexes et soignées et des choeurs réduits (on ne parle pas d'une chorale de plusieurs dizaines de membres) qui n'encimentent pas les titres originaux. L'ensemble est plutôt frivole et propose des versions aux vibrations typiques du sunshine pop californien, rappelant par moments le son des productions de Curt Boettcher (The Ballroom, Sagitarius, The Collage). Sans trop remixer les orginaux, les reprises de Achète un billet, Olé le Matador, Coui Coui ou Bonsoir, à demain sont particulièrement vibrantes par leur enrobage de cuivres, cordes, clavecin, vibraphone et basse grondante. Les choeurs font preuve de souplesse en augmentant le penchant dramatique de ces titres, sans négliger de délicates vocalises ça et là. Les fans du Free Design craqueront pour la charmante Petite fille, je t'aime (tendre et baroque) ou Y'a tant de temps (foissonnante). Les instrumentations de Vincent sont aventureuses et pimentent habilement le registre des Bel Canto; écoutez le jumelage de la basse fuzzée, d'une guitare quasi percussive et d'un orgue imposant sur Quand reviendras-tu pour vous en convaincre. Soudainement, ce hit ne nous semble plus si mielleux...

Si le Québec a produit plus que sa part d'albums d'exploitation ou «d'hommage à», Plein choeur... semble se distinguer en quelques points. Visiblement commandé par Barclay pour rassembler deux de ses talents, ce disque est l'un des rares coups-de-chapeau spécifique à un groupe Québécois. Alors que la génération yéyé s'imposait sur les palmarès par ses nombreuses reprises, il est ironique de constater que l'inverse demeurait si...sous-exploité. Laissez votre commentaire!




Téléchargez l'album complet / Download the complete album :

Les Choeurs de Raymond Berthiaume -Plein choeur sur les Bel Canto (1969; Barclay 80060)

samedi, novembre 15, 2008

Les Purple Haze: Nouvelles Informations!!

Concluons notre saga sur les productions de Yvon Bonneville en précisant le parcours de ses prospects sur Memphis Sound, Les Purple Haze. Voici les précisions de Nim Capra mieux connu sous le nom de Gilles Chartier, guitariste du groupe.

Nous étions un groupe de francophones, trois d'entre nous étaient de Laval en compagnie d'un Montréalais (R. Dupuis). Les noms affichés sur le simple sont des noms de plume que nous avions choisis pour la forme, parce que c'était à la mode si je me souviens. Quand même, une drôle d'idée avec laquelle je n'étais pas tout à fait en accord.
The old Man fut composé et chanté par Richard Dupuis. Love Is Fine fut composé par le groupe (le riff et les back vocals sont de moi) et chanté par Richard Millette.

Affiche promotionnelle du groupe, 1967.
Pierre Poitras, Gilles Chartier, Rocky (?), Philippe Bourgie & Richard Dupuis (de gauche à droite).

Richard Graves = Richard Dupuis (guitare solo et créateur du groupe)

Richard Tucker = Richard Millette (guitare basse)

Peter Hopkins = Pierre Poitras (batterie)

Nim Capra = Gilles Chartier (rhythm guitar)


Ce poster montre le groupe à ses débuts. Plusieurs se sont greffés mais plusieurs se sont désistés. Le band a été a son meilleur avec Richard Dupuis, Robert Guiristante, Richard Millette et moi-même. Malheureusement, aucun enregistrement n'a été produit durant cette époque. Nous étions trop souvent en spectacle et , faute de jeunesse, n'avions pas pensés à faire des prises de son sur tape à cette époque. Je dois vous avouer , en toute humilité, que nous étions un des meilleurs band à cette époque. Du vrai Cream, du vrai Hendrix, du vrai John Mayall and the Blues Breaker! Les gens ne dansaient plus devant nos prestations, ils écoutaient bouche-bée. Nous avons été les premiers à produire un show live avec un stroboscope! Certaines subtances illégales parfumaient la salle aussi... J'en parle et j'en ai encore des frissons.

Pas très longtemps après le 45 trs, nous avons opté pour un meilleur batteur, Robert Guiristante, ancien du groupe Les Georgia.
J'ai aussi joué sur la chanson Poupé de chiffon (de François Vaillant;1972) qui fut donneé par la suite à Michel Pilon. Sur ce 45, Pierre Bertrand (de Beau Dommage) joue de la basse.

Aujourd'hui, Chartier participe au groupe Les Beaux Rocks (voir extrait vidéo précédent) en compagnie de Claude Sirois (anciennement de Équipe 79) et Guiristante. Leur nostalgie trouve un ton plutôt juste, leur évidente passion musicale charme; allez visionner leur cover de Golden Girl des Rabbles en direct du Centre de la Nature de Laval! Le site de Sirois offre des détails intéressants à propos de la courte carrière de l'Équipe 79, de l'écriture de leur 45 et partage quelques rares photographies. Allez lire le défi qu'ils ont lancé aux Sinners et aux Lutins dans un article d'Écho-Vedette!



Merci M. Chartier de nous permis de conclure en beauté sur ce premier dossier thématique; nous attendrons votre site Web!

jeudi, novembre 13, 2008

The Purple Haze - Nouvelles Informations!

J'ai récemment reçu des nouvelles de Nim Capra, guitariste du Purple Haze. Je publierai sous peu les précieuses informations et photo qu'il m'a transmis. Entre temps, j'ai découvert par l'entremise de ce dernier les récentes oeuvres de Robert Guiristante (second batteur du Purple Haze, comme vous le lirez sous peu..)qui, en compagnie de 3 autres musiciens, joue toujours dans un groupe garage-psychédélique proposant des covers stupéfiants (Pretty things, The Rabble) et des compositions étonnantes comme celle-ci. Ça rocke!!!



Qui a dit qu'il ne se passait plus rien à Laval?

dimanche, novembre 09, 2008




À la rencontre des Frères Bonneville
Seconde partie:
The Purple Haze


Suivant la publication de son unique simple, Yvon Bonneville fonde et opère brièvement son propre label en 1967. The Memphis Sound (second clin d'oeil au King) n'aurait en fait publié que cet unique 45 et, bien que libellé 4002, aucun titre selon Lucien Bonenville ne précédait le simple du Purple Haze. Expression de l'underground, cette «brume pourpre» fut popularisée simultanément par Jimi Hendrix (Top 10 UK, mars 1967) et l'acide (LSD) du même nom mijotée par le sonorisateur/chimiste/mystique Owsley Stanley sur la côte ouest des États-Unis. Surfant sur ses effluves lysergiques, la contre-culture rejoint subitement la masse cette année et électrifie sans crier garde la scène montréalaise, de ses boîtes à chansons aux happenings présentés à l'Exposition Internationale.

Affiche promotionnelle du groupe, 1967.

Nous n'avons que peu d'information concernant les membres du groupe, mais Yvon Bonneville (producteur) souligne qu'ils étaient tous francophones. Par sa production, ce dernier inscrivait une certaine cassure par rapport à son simple pour Disques Monde: l'ambiance est maintenant plus saxonne et moins ancrée dans le son typique de la scène Québécoise de l'époque. Comme chez Charlebois, Les Sinners ou les Kantos, en choisissant de chanter en anglais, ces artistes Québécois tentaient à la fois de s'ouvrir au monde (géographiquement en s'américanisant; culturellement, suivant l'invasion britannique) tout en abandonnant quelques stigmates culturels au passage. De ce choix, force est d'admettre que plusieurs groupes s'investissèrent ainsi d'une liberté accrue pour produire des simples plus avant-gardistes, risqués et parfois définitivement plus fidèles à leurs aspirations.





C'est le cas de l'époustouflante Love is fine. Bien que reléguée en face B, ce titre upbeat mérite d'être redécouvert comme une des perles garage Québécoises parmi nos plus incisives. Signé par R. Graves, R. Turker, P. Hopkins & Nim Capra, il s'agirait vraisemblablement d'un titre original. À grands coups de tambourin, vous aurez droit à un rock nerveux à la judicieuse croisée du garage et du psychédélique qui n'est pas sans rappeler le son du Plastic Cloud ou même des Amboy Dukes. On y découvre un guitariste talentueux en pleine ascension cosmique, noyé dans un son propre fuzz! Freak Out! À l'opposé de cette déflagration, The old man (R. Graves), se présente comme une marche sobrement orchestrée avec une déclinaison british plutôt feutrée. L'histoire de vieil homme s'accrochant à ses derniers instants rejoint dans sa structure dépouillée aux choeurs délicats quelques-unes des chansons tardives du groupe The Collectors. La production demeure au premier degré et aurait gagné à complexifier les arrangements; malgré tout cette face A se démarque en n'étant pas si facilement cataloguée comme ballade, rock ou autre. Commercialement, c'est plutôt risqué comme simple pour 1967: saluons l'audace!

Avez-vous fait partie du groupe The Purple Haze? Entrez en contact avec moi et partagez vos précieux témoignages avec nous. Je tiens à remercier à nouveau Lucien & Yvon Bonneville pour leur ouverture et leur générosité. Preuve de son intérêt toujours marqué pour la scène Québécoise des années 60, Lucien Bonneville m'achemina cette semaine quelques rares photographies des artistes représentés par l'Agence le P.G. de Granby. On y retrouve entre autres Bob (sans les Damiks) ainsi que les mythiques Moribonds! Ça vaut certainement un commentaire de votre part!



Téléchargez le catalogue complet / Download the complete catalog:

Bob & les Damiks, Yvon Bonneville & The Purple Haze
(Disques Monde & Memphis Sound, 1966-1967)

dimanche, novembre 02, 2008

À la rencontre des Frères Bonneville
1re partie: les Disques Monde

Entre blogueurs, nous avons souvent échangé depuis quelques mois au sujet du catalogue de l'étiquette Disques Monde. Ce minuscule label ne publia qu'une vingtaine de 45 tours ainsi que 2 albums, mais s'imposa néanmoins par son écurie écclectique de groupes garage: Les Différents, Les Standells, Les Moribonds, le Baron Phillipe de Notre-Dame et même le burlesque Gérard Nono Deslauriers y enregistrèrent leur rare (et souvent unique) lègue à la postérité. À la suite de ces récents articles, j'eut le plaisir de correspondre avec Lucien Bonneville, guitariste et frère de Yvon Bonneville ayant endisqué un 45 tours pour cette même étiquette. Les prochaines références seront donc tirées de leurs témoignages.

Yvon Bonneville - Ça fait mal / Monsieur Jean (1967; Disques Monde 867)

À leurs débuts, Les frères Bonneville cimentent leur son, comme tant d'autres artistes, en spectacle en sillonnant les sous-sols d'églises et les gymnases d'écoles de Montréal. Une fois majeurs, ils purent rejoindre un plus large public dans des clubs locaux (Le Café Rainbow; le Rialto et le Montmartre sur Saint-Laurent, l'Étoile de l'Est sur Ontario). C'est justement au Rainbow qu'ils feront la rencontre de Douglas Thompson (un très bon musicien, un artiste de couleur et aveugle) , alors organiste-maison de ce club. Il aura tôt fait de les rejoindre aux Studios RCA Victor pour graver l'unique simple de Yvon Bonneville. En plus de ce dernier, le groupe était alors composé de Lucien Bonneville (lead guitare), Jimmy Dabaté Jr (guitare rythmique), Loris Mangano (basse), Clément Landry (batterie) & Douglas Thompson (orgue). La musique fut enregistrée le 1er septembre 1967, les voix le 6 septembre. Le disque fut lancé le 2 octobre. Ken Ayoub (Les Différents) et Gilles Brown assurèrent la production, assistés de Lionel Parent (technicien).
Yvon Bonneville, Lucien Bonneville (guitare).

Le chanteur laissait transparaître ses multiples influences rock glanées dans les clubs de Montréal. Celui qui affichait autrefois une coiffure à la Jerry Lee Lewis démontrait toujours son penchant pour Elvis, reprenant en face A le tube It hurts me, rendu célèbre par le King en 1964. Cette ballade typique, soutenue d'un orgue et de choeurs timides, laisse beaucoup d'air au chanteur qui peine par moments à combler l'espace. Sous ces rythmes plus retenus, un Bonneville fougueux se vautrait en attendant d'exploser sur la face B.

Le courant passe au 220V sur Monsieur Jean qui, bien que créditée à Yvon Bonneville, se révèle être le parfait hybride de 2 titres beat-garage: Farmer John (du groupe The Premiers, compilé sur l'essentiel Nuggets) & Shout (des Isley Brothers). L'influence des Wailers est ressentie dès les premières notes sur cet high energy rock n' roll primal et déjanté, idéal pour réchauffer n'importe quel sous-sol d'église. Des guitares nerveuses et un solo explosif, une basse dans le tapis et un batteur frénétique accompagnent un chanteur définitivement plus en contrôle. Un parfum de nitroglycérine enveloppe la finale, .brève et convulsive! Curieusement, c'est à nouveau cette face B qui aurait gagné à être lancée comme simple. Le groupe semblait d'accord avec cet énoncé puisqu'il choisit Monsieur Jean pour son unique prestation télévisée en 1967, à l'émission Bonsoir Copains (CHLT).


Bob et les Damiks - Dans cette ville / Diane (1966; Disques Monde 860)

Au moment de signer pour les Disques Monde, les frères Bonneville appuyèrent une autre production en cours: Bob & les Damiks. Sans néanmoins contredire la fiche technique proposée par Léo Roy dans La merveilleuse époque des groupes Québécois des années 60, le témoignage privilégié de Lucien Bonneville apporte une certaine nuance quant à la composition du groupe. Il précise: J'ai lu et entendu plusieurs infos érronées sur les noms des musiciens. Voici les noms de ceux qui ont effectivement joué sur ce 45 tours: Robert «Bob» Dadario (chanteur), Lucien Bonneville (guitare), Armand Proulx (batterie), Régent Ricard (basse) & Jean Louis St Cyr (orgue). Exit donc Johnny Côté et Jean-Louis Talbot...

Bien que cet unique et rare simple n'obtienne pas la faveur des palmarès, le groupe pourra néanmoins le casser à l'émission Bonsoir Copains (CHLT; avec Jean Malo) en 1967. Dans cette ville (bonne reprise de We gotta get out of this place de Eric Burdon & the Animals) bénéficie d'une ronde ligne de basse qui soutient une guitare et un orgue judicieusement amplifiés comparativement à l'original. Si Bob sussure ses couplets, il sait rapidement insufler l'énergie nécessaire à ce refrain culte. Tassez-vous de d'là! Diane, la face B, est une composition de Bob Dadario dans le style ballade. Rassurez-vous! Sous les choeurs éthérés des Damiks, le chanteur n'hésite pas à sortir ses tripes sans négliger son français parlé, ralentissant le débit jusqu'à l'obligatoire monologue qui ferait craquer cette Diane qu'il convoite tant.

Témoins d'une transition culturelle fulgurante, Yvon & Lucien Bonneville participeraient ultimement à un autre enregistrement en 1967 sous le pseudonyme psychédélique The Purple Haze. Ne manquez donc pas dans les prochains jours la seconde partie de ces témoignages. Merci à Lucien Bonneville pour sa générosité. Je vous invite à laisser un commentaire à l'attention des frères Bonneville; tous vos courriels leurs seront directement acheminés.

Rare glimpse inside Yvon Bonneville's works through the recollections of his brother and fellow guitarist Lucien Bonneville. The Bonneville bros. published only one 45 on the cult label Disques Monde, the infamous garage-stomp hit Monsieur Jean, an hybrid cover of the Premiers "Farmer John" and Isley Bros. "Shout!". Turns out they also worked with label mates Bob & les Damiks and played on their sole and obscure 45 wich included a sweet reprise of The Animal's We gotta get out of this place as well as an original ballad (Diane). Don't miss the second part of this special as we'll have a look at their last 1967 psychedelic production, sung in english, under the name The Purple Haze. Please leave a comment.





mardi, octobre 14, 2008


Le lien pour télécharger l'album complet de Pierre Nolès - Le Clan (1965) fut corrigé. Bonne écoute!


Pierre Nolès - Le Clan (1965, APEX ALF 1577)



The download link for the complete album by Pierre Nolès - Le Clan (1965) is again operational. Leave a comment as you listen!

lundi, octobre 13, 2008







Pierre Nolès - Le Clan (1965, APEX ALF 1577)

Le Clan. Un gang de coin de rue, comme on en voit un peu partout dans les faubourgs. Poussant leur idéal jusqu'au bout, les membres de ce gang ont employé tout ce qu'ils pouvaient avoir d'argent afin d'être vêtus de la même façon. Ainsi couverts de cuir de la tête aux pieds, ils ont gagné cette confiance en eux-mêmes. Les autres gangs les respectent; ils sont prêts à tout et rien ne leur fait peur! En rassemblant leurs économies et leurs efforts, ils ont pu se procurer quatre autos sports et, depuis ce temps, ils sont devenus la terreur des grand'routes tout autant que des autres gamins de leur quartier!

Bien que cette comédie musicale de Pierre Nolès et Michel Conte figure parmi les premières endisquées au Québec, elle n'est pas l'instigatrice du genre chez-nous (cet honneur reviendrait plutôt à Ça atomique-t'y? de Jean Grimaldi en...1945). Le Clan réunissait une jolie brochette de musiciens, chanteurs & comédiens: Denise Brousseau, André Lamarre, Jean-Guy Larivière, Jacques Levac, Pierre Nolès, Jean Richard, Michel Robidoux, Raynald Rompré & Guy Thouin. Cette comédie musicale était le dixième album en 5 ans pour l'infatigable Nolès qui auparant avait plutôt misé sur des productions dites d'exploitation, réinterprétant divers succès twist ou cha-cha. À l'ère des teenyboppers, Nolès produisait déjà de solides pointures tels Donald Lautrec, Pierre Lalonde ou Les Sinners (il réalisera leurs 2 albums sur Jupiter) et s'aprétait à diriger l'orchestre de l'émission Jeunesse Oblige (Radio-Canada). Il semblait ainsi logique pour lui de faire le saut dans le yéyé.

Avec l'aide de Michel Conte, il scénarise un spectacle aux rythmes du jour, la première comédie musicale rock du Québec. Empruntant à la fois des éléments de West Side Story (1961) ou de la pièce dehéâtre Zone (Marcel Dubé; 1953), Le Clan raconte l'histoire d'une bande de jeunes voyous qui, pour financer leur ultime rebellion envers la société, planifient le hold-up d'une banque. Ils en ont contre les «croulants» qui s'y atrophient; jeunes adultes à la verve prépubère, ils croient toujours à l'amour et aspirent à plus de liberté.

Nous n'aurons pas toujours 20 ans, nous savons ce que nous voulons
et nous voulons dire NON! Yeah, yeah, yeah!

Car nous avons nos opinions sur ce qui peut être bon pour notre génération.
Yeah, yeah, yeah!

Nous ne voulons pas être aidés car nous avons nos idées: c'est à nous de décider.
Vous avez fait votre temps et vous êtes démodés, yeah!
C'est nous qui avons 20 ans et c'est à nous de jouer, yeah yeah yeah!

Leur chef Pierre (Nolès; intense) peut compter sur sa fidèle bande dans tous ses plans. Il en pince pour la jolie Marie (Denise Brousseau; timide), au grand dam de son fougueux acolyte André (Lamarre) qui n'hésitera pas à le trahir lors du vol de la banque... Le scénario ne manque pas de ryhtme malgré quelques performances moins enlevantes (N'oublie pas que je t'aime, un démo du prochain simple APEX pour Brousseau). Une charmante camaraderie reigne entre les membres du clan, ces blousons noirs de ruelle s'affichant somme toute comme des jeunes gens plutôt rangés sous leurs airs de rebels. Le rock sied plutôt bien leur fougue et leur naïveté, entrainant sans trop dépasser les bornes.

Ouverture démare sur un dramatique drumfill de près de 2 minutes (prenez note amis DJ) avant d'entamer la chanson thème, Le Clan de cuir, un air tenant à la fois du surf et du Merseybeat. Sur Tu trouveras l'amour, la pochette détaillée image la performance: «Nolès bondit sur la scène comme un lion! Sauvagement presque, il déclare un amour impossible à toutes les filles présentes. C'est l'hystérie!». Nolès se permet néanmoins quelques accents jazzés ou surf ailleurs. Hey Jim, une amusante ballade autour d'une cigarette, ou d'intenses instrumentaux comme Danse du vol ou Jazz Solo révèlent les véritables couleurs du comédien/producteur. Je me suis évadé ou La société laisse entrevoir l'écriture typique de Conte, celle-là même qu'on retrouverait plus tard sur Monica la Mitraille (1968) ou Aimons-nous les uns les autres (1969): un thème dramatique pour un ton moqueur, joyeux et sans lendemain.

La société m'ennuie. Yeah! Moi je peux m'en passer.
La société, tant pis! Yeah! Ils peuvent tous crever!

Moi, je ne veux pas jouer avec ces gens-là,
qui vous aiment tout haut, vous détestent tout bas.

Je ne veux pas faire partie d'cette comédie!

Ce que je veux, c'est être maître de ma vie.


Je me demande bien quel accueil fut réservé à cette comédie musicale à gogo en 1965. Certe dans l'air du temps, ses quelques interprétations énergiques entrecoupées d'intermèdes plus frivoles ne semblent pas choquer autant qu'on l'aurait souhaiter. Il manque à cette thématique biker (un sous genre en soi du cinéma d'exploitation des années 60) un sérieux once de venin, un ton plus salaud et débauché... Rassurez-vous, Les Sinners auraient tôt fait d'inciter Nolès à prendre plus de risques.





Quebec's first ever rock musical, Le Clan is the work of Pierre Nolès (cult 60's producer) and Michel Conte. Nolès as well as writing the score performs as the leader of small back-alley gang wearing black leather jackets. They're no big-time crooks but as André (secretly in love with Nolès's girlfriend Marie) plans on robbing a bank, things go wrong and Nolès heads straight for prison. Rock may be a strong word for this mainly yéyé musical, but hey, it was 1965 afterall... Great beat numbers and a couple of jazzy instrumentals from Nolès make this rare OST a nice treat for the yéyé-connaiseur. Leave a comment as you listen!




Téléchargez l'album complet / Download the complete album :

Pierre Nolès - Le Clan (1965, APEX ALF 1577)

dimanche, octobre 05, 2008






Les Alexandrins - Les Alexandrins (1969; CAPITOL SN 70021)

Ce troisième album éponyme du duo formé de Luc et Lise Cousineau témoigne de la rapide évolution musicale du groupe. Après le folk baroque de leur premier opus (1966; ST 70001) et la riche production pop et étoffée de leur second (1967; ST 70017), leur dernier effort pour la série 70000 de Capitol témoignerait déjà des arrangements plus souples et aériens des disques à venir. C'est cette même série, en opération de 1966 à 1979, qui miserait dès le début sur de nouveaux talents francophones d'ici comme Alexandre Zelkin, Les Atomes, Les Cailloux et Melchior Alias en leur cédant de généreux moyens de productions. Amorçant ainsi leur transition vers Polydor, Les Alexandrins lègueraient un album à la pop délicate qui glisserait subtilement à nos yeux et oreilles vers la contreculture, leur Rubber Soul si vous voulez...La production impliquerait la même équipe qui avait coloré leur précédent album. Ainsi, alors que Luc Cousineau signe toutes les mélodies, il partage toujours le rôle d'arrangeur avec George Tremblay sous la tutelle de Pierre Dubord (plus tard directeur artistique de Raoul Duguay et Beau Dommage). Les textes sont à nouveau de Claude Levac, Françoise Loranger (auteure de la pièce Double-Jeu) et Louis Gauthier (auteur). Sur les nouveaux titres proposés, trois font exception puisque récupérés d'albums précédents (Amour d'Été, Les Copains & Chany). Était-ce une tactique de Capitol pour presser le citron avant que ne paraisse Double Jeu (1969; Polydor542-502) la même année?

Ballade pour Molly semble reprendre sur les cendres dramatiques de leur simple de 1967 , John F. Kennedy. Évacuant le mythe glamour qui entourait la cambrioleuse Monica la Mitraille depuis la comédie musicale pop-martyre de Michel Conte (Monica la Mitraille; 1968; Polydor 542-501), ce portrait transcende l'odeur de la poudre noire et la chaleur fuyant des plaies.

On dit que la beauté pour les filles c'est une arme.
Toi c'est ton Colt 45 qui faisait ton charme.

Le canon tronçonné de ta Windchester,

La mitraillette sur le plancher de la Chrysler.


Alors que Depuis longtemps semble traduire le souhait du duo de «déranger» par leurs chansons, la charmante C'était témoigne du ici-maintenant de la scène Québécoise de la fin des années 60 avec une lucidité déconcertante. Luc Cousineau démontre sans prétention la transition culturelle en cours et l'héritage que nous en retiendront. C'est à se demander si cette chanson ne devrait pas devenir l'indicatif musical de ce blog:

On se rappelera des refrains que l'on chante maintenant,
Plus les jours, plus le temps, il n'en restera rien, mais l'on s'en souviendra longtemps.

C'était notre génération, nos succès, nos airs récents.

Qui doucement, tout en dansant, devenaient nos déclarations.

C'était l'époque du yéyé et même des danses à go-go

Adieu notre ami Charlot, le charleston c'est dépassé...


Quelques arpents de neige
annonce déjà un thème qui sera familier aux amateurs du duo: la place de la Nouvelle-France, un petit coin perdu en Amérique, de peu d'intérêt devant les affaires du roi de France au XVIIIe siècle (voir l'album Tout le monde est heureux?! de 1971). Cette salve de Voltaire aurait non seulement été utilisée dans ses correspondances, mais vous en retrouverez aussi quelques extraits dans Candide.



Ailleurs, un son plus feutré apporte quelques moments plus laid-back comme sur la tender Il suffit de peu oo sur Mauvais moment, où un orgue roucoule aux côtés d'un violoncelle suivant les vocalises de Lise. L'organiste/pianiste refait bientôt surface sur l'ennivrante et glorieuse Quel est c'délire, s'illustrant par un jeu nerveux et parfaitement cadencé dans ses arpèges. Superbe! Il y certe un «son Alexandrins» à dégager de leur catalogue Capitol: un amalgame optimiste d'influences jazz, folk et pop se métissant graduellement aux rythmes de la contreculture Québécoise. À raison d'un disque en moyenne enregistré par année, la carrière éfreinnée des Alexandrins se colorait devant nous d'albums en albums, ne regardant jamais dans la lunette arrière. Je ne me lasserai jamais de rappeler que le travail de Luc & Lise Cousineau, peu importe le sobriquet, demeure négligé malgré son apport considérable à la naissance de la modernité musicale adans le Québec des années 60-70. Il est encore temps de se rappeler des refrains que l'on chantait auparavant. Bonne écoute; laissez un commentaire si vous partagez l'opinion!

Third eponymous album from this prolific duo composed of Luc & Lise Cousineau. This album sees Les Alexandrins recording their last LP for Capitol before going shortly after to Polydor, issuing their 1969 psych LP Double-Jeu. 7 new songs and 3 taken from their first two records (Amour d'été, the pop hit Les Copains & Chany), smoother than their second LP and a bit more laid-back at times. It features the great Ballade pour Molly recalling the tragic story of popular Quebec bank robber «Monica la Mitraille» (Machinegun Molly). Quelques arpents de neige (A few acres of snow) takes aim at the French royalty who once said it didn't care for those snowy colonies over in Nouvelle-France, a theme the duo should revisit on their 1971 album, Tout le monde est heureux. Dig this unique mix of folk, pop & jazz moves. If you should groove to such pop classics as Les copains or Quel est c'délire then leave a comment! Can you believe only a fraction of their 9 album catalog has only been reissued?



Téléchargez l'album complet / Download the complete album:

Les Alexandrins - Les Alexandrins (1969; CAPITOL SN 70021)

mardi, septembre 09, 2008






Hum - Suis-moi / Attends (1972; DSP-004)


Derrière cet anecdotique onomatopée se vautre un groupe funky comme il n'en existait que très peu sur la scène Québécoise de 1972. L'étiquette est avare d'informations biographiques si ce n'est du nom du producteur, Denis Lepage. On avait auparavant entendu ce dernier sur les mythiques albums Melchior Alias puis Ouba (réédité sur Gear Fab Records) et Reels Psychédéliques Volumes 1 & 2 (en compagnie de Pagliaro, Andy Shorter et Tony Roman); il assure ici la production en collaboration avec le groupe. Il s'illustrerait plus tard commme compositeur principal du groupe Le Pouls (ainsi nommé d'après le surnom de Lepage) et retrouverait alors Andy Shorter et Richard Patry (de Claire Lepage & Compagnie), tous deux aux percussions. Durant la vague disco, il était du groupe Lime, lançait son propre album Dansez avec Denis Lepage et arrangeait simultannément les groupes disco Hibou, le Surprise Band ou Beauregard, Violetti & Ste-Claire pour ne nommer que ceux-ci. En tenant compte de l'implication de Lepage dans tous ces albums avant-garde ou funky, nous sommes ainsi tentés d'en déduire que Hum était un projet personnel de ce dernier.

Plutôt joyeuse, la face A Suis-Moi repose sur une section rythmique bien huilée et le jeu d'un habile bassiste laissant couler ses pulsations dans la tapis. Sur un air pop funky aux modulations juste assez progressives, le chanteur s'impose avec la quelconque droiture de son ton bien que par moments celui-ci est plutôt inspiré (écoutez ses cris flangés en conclusion). Le texte, à la prose légère et ésotérique, raconte vaguement l'odyssée d'un homme sur les chemins de la vie...

Je m'en vais tout doucement, je m'en vais hors du présent.
Je m'en vais tout doucement, je m'en vais avec le temps.

Le temps me crie s'il te fuit: je suis la vie, suis-moi!

Allez ça va. Plus loin que ça! Accroche-toi!

Tout est beau, tout est au chaud.

On ne vivra que d'amour, toi pour moi chaque jour


À nouveau, Attends, la face B, est le véritable tube. La section rythmique domine toujours, mais est solidement appuyée par une guitare planante et un Hammond discret. La structure de ce tube étonne par ses déclinaisons progressives, mais sait demeurer assez lousse malgré les divers changements de rythmes. Les paroles, toujours en apesanteur, poursuivent la poésie hippie du recto avant de culminer dans une finale éthérée avec bongos et quelques notes acidulées à la guitare.

Attends-moé donc, attends-moé donc. Attends, attends!
Eye, t'as donc ben l'air pressé, arrête de calculer, y'a rien rien qui s'est passé.


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Hum - Suis-moi / Attends (1972; DSP-004)

jeudi, septembre 04, 2008





Caramel Mou - Caramel Mou
(1974; DERAM XDEF 104)

Un amalgame de folk ambitieux et de psychédélisme teinté d'un humour caustique rendu avec un musicianship impressionant, Caramel Mou était décidément bon à s'en lécher les oreilles (pochette arrière). Le quintette regroupait le multi-instrumentaliste Christian Montmarquette (flûtes, clavecin, piano, guitare, éminent, voix), Robert Ludger Desnoyers (guitares, voix), Guy Paradis (basse, 1/2 violoncelle, voix), Vivianne Mongeau (voix, effets), Normand Martin (percussions, voix) ainsi que Robert Leblanc (batterie, percussion, orgue). Ce dernier, en plus de signer les arrangements, assure aussi la réalisation. Si le son du groupe peut s'apparenter aux mouvances progressives du Ville-Émard Blues Band ou de Contraction par exemple, l'ecclectisme évident de leur répertoire ne réussit pourtant pas à occulter la vocation pop de leur unique album.

Lisez le témoignage d'un fan anonyme.

Caramel mou était meilleur en show sur la place Jacques Cartier qu'en disque. Le groupe s’est produit à Jeunesse d'Aujourd'hui. Des jeunes de l'école secondaire André Laurendeau (St-Hubert) ont fondés cette formation. Ils se sont séparés alors qu'ils avaient pourtant signés un contrat pour deux disques. Comme leader du groupe, Christian Montmarquette, s'est retrouvé le bec à l'eau, a fait chemin seul et a joué dans différentes formations de bar. Montmarquette a connu Diane Guérin à la commune Les initiés au côté de Jean Besré; elle était à l'époque figurante pour des publicités à la télévision. Montmarquette et Guérin auraient été en duo dans les bars du Québec et à Miami avec notamment Johnny Farago sous le nom Diane et Christian. À leur séparation (comme couple et duo), Diane Guérin part en tournée comme choriste pour Starmania (2e édition). Elle est reviendra au Québec et adoptera alors le nom de plume de Belgazou. (tiré du blog Eternal PMS)

D'entrée de jeu, Tapis Magique, annonce les notes ensoleillées qui ornent en grande partie l'album. Les guitares carburent aux progressions singulières d'accords majeurs-septième éveillant du coup la pop-bossa de Beau Dommage (ne craigniez rien!) ou celle que populariserait peu de temps après Gilles Rivard. Comme sur Hey Soleil ou plus loin pour la saisissante Y tombe d'la marde le groupe élabore en douceur ses chaudes ambiances alors que l'intensité vocale de Mongeau, à la fois hippie et cabotine, surprend. On ne manquera pas de décèler loussement ailleurs les signes d'un humour zappaesque, entre autres lorsque leur succès radio La machée de gome se résume en accéléré à 30 secondes bien senties. Audacieux! Le sale rock n' roll Shiner son chrome fait rimer carwash avec dash, sticker avec bumper comme une vignette publicitaire pour Nu Finish. Outre la burlesque Une autre chanson pour le même gars, le Stéréologue Caramel Mou, ce conte psychotrope rédigé sur papier buvard, s'aventure dans les sillons qu'avait auparavant gravé Le Chat de l'Arc en Ciel de Normand Gélinas. Une histoire tout aussi planante, sertie cette fois d'une production plus éclatée où tous les dimmers de la console y passent avant d'enchaîner sur ce qu'il est convenu d'appeler la chanson-thème du groupe.

Le tout s'imbrique pourtant avec aisance à des trames plus inspirées où l'album démontre toute la versatilité du groupe à remanier la pop aux rythmes des communes. Pauv'tite de moé (similaire aux productions de François Dompierre du début des années 70) ainsi que Les Immortelles sont par leur joual si modernes et à la fois tellement de leur époque, théâtralisant leur pop d'élants définitivement progressifs. Le délicieux folk psychédélique qui habite la poétique Miss Ellery ou l'anglophile The Cloud se dessine suivant les effluves de l'encens. Alors que la première est plus plannante avec quelques notes d'harmonica, The Cloud, sous sa dentelle minimale de guitare, pianet, flûte et bloc chinois, transforme une simple ballade en un air délicat, à fleur de peau. Exit la tendresse! Accrochez-vous pour le high energy soul propulsant leur reprise du succès de Carol King, I feel the earth move, mettant les cuivres à l'honneur alors que le registre de Mongeau -puissant , rough et honnête- atteint de nouveaux sommets. Écoutez-moi cette décharge à couper le souffle en conclusion! Décidément, du Caramel Mou, il y en a pour tous les goûts...

Il semble que les auditeurs soient divisés à propos de cet album éponyme (lisez l'unique critique disponible sur All Music.com): pas assez prog pour certains, ça manque de focus pour d'autres... C'est toujours la même chose lorsqu'une pop ambitieuse entrechoque une foule d'influences. Bien que dense (comme le caramel d'ailleurs), l'album offre un raffinement particulier au niveau de l'écriture et des structures musicales et sait se réinventer à chaque chanson. Une autre belle surprise! Téléchargez, écoutez et prononcez-vous.



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Caramel Mou - Caramel Mou (1974; DERAM XDEF 104)

lundi, août 25, 2008








The Cousineau's
Why do you leave me now (put it off till september) / Just aside the border
(1970; LONDON M.17393)
Dropped Out / Quebec Nuclear (1971; LONDON M.17409)

Mieux connu précédement sous le pseudonyme Les Alexandrins ou Luc & Lise, ce prolifique duo avait déjà en 1971 un curriculum imposant, ayant produit depuis 1966 la crème du folk-pop de la contre-culture Québécoise à travers 7 albums édifiants. Alors que Luc et Lise empruntaient une tendance plus incisive, plus rock sur leur album Laisse un temps à l'amour (1971), leur registre eut tôt fait de s'américaniser. En fusionnant le folk mélodique et ambitieux qui leur avait bien réussi au son de la côte ouest, les Cousineau ne pouvaient qu'être tentés à titiller l'oreille de nos voisins anglophones. Le temps de ces deux 45 tours, le couple vivait en quelque sorte le dilemme linguisitique qu'il avait interprété dans Le chant du Ministère de l'Éducation, sur leur album Double Jeu deux ans plus tôt...

À l'introduction de Why do you leave me now, on renoue immédiatement avec leur style de ballades ambitieuses si caractéristique. Cette face A, arrangée par Cousineau et Jacques Perron (claviériste du Quatuor de Jazz Libre du Québec) offre ainsi une pop-bluesée ponctuée d'accents orchestrés culminant en crescendo avec l'arrivée d'un choeur et d'une trop brève salve à la guitare. Just aside the border, à l'image de son titre, nous fait littéralement traverser les lignes chez nos voisins du sud. La basse roule à fond pour soutenir une guitare nerveuse et le Hammond coule délicatement au travers des hits fougueux de piano. Leur poésie s'adaptant progressivement à la langue de Shakespeare, l'auditeur aura droit à des paroles intriguantes illustrant le double-sens du titre; à vous de juger.

Just aside of the border in a little frenchie-town lives a little french you
Never, never made love à trois, more two by two.

Never, never tried the gay side nor banged on a trip (?)

Believe it or not, je t'aime. I Love you.

Dropped out
avec sa ligne de basse tonnitruante et fuzzée à souhait vous soufflera comme aucun autre titre des Alexandrins! On monte le volume à 11!
Les vocalises de Lise s'agrippent toujours aussi bien aux mélodies et bercent les breaks plus détendus de la chanson. Par l'agressivité de son refrain et l'ambiance glauque découlant des couplets, ce simple réflète toujours les visions sombres qu'avaient chantées par exemple le Jefferson Airplane sur Crown of Creation en 1968. On y ressent d'ailleurs plus la dynamique d'un groupe et non plus celle d'un intimiste duo. Quel redoutable 45 tours! On proposait à l'endos la troisième et ultime version de leur instrumentale aux parfums orientaux, Quebec Nuclear, traduite essentiellement dans son titre. Les oreilles averties reconnaîtront en effet cette version qui sera incluse la même année sur Laisse un temps à l'amour. Qu'ils s'expriment en français ou en anglais, Les/The Cousineau avaient certainement de l'ambition et en véritables touche-à-tout qu'ils sont, ils démontrèrent encore une fois par ces deux 45 tours leur constant désir d'évolution. Laissez un commentaire en téléchargeant.


Fantastic double-feature pairing rare 45s issued in english by The Cousineau's (aka Les Alexandrins or Luc & lise). After releasing 7 outstanding folk-pop LPs with an underground edge since 1966, the duo chose to embrace their newfound westcoast sound and reach out to their english-speaking neighbors. These two releases clearly recall the rockier sounds of their 1971 album, Laisse un temps à l'amour. Why do you leave me now is a nice soft-psych title with piano lead, nice harmonies and a brief scorching guitar near the end. Just aside the Border and Dropped Out are edgier with dramatic rock moves, great keyboard work, delicate Hammond and killer basslines. Fuzzed-out folk! Quebec Nuclear is the same take released on their 1971 album, their third and most achieved version of this dreamy eastern instrumental. Please leave a comment as you download.



Téléchargez ces deux 45 tours / Download these two 45's :

The Cousineau's - Simples London (1970-1971; M.17393 & M.17409)