Patrimoine PQ

Le 25 eme Régiment - Crescent Street / Au ciel
(1971; ÉLITE EL 7034)

Entre deux albums, l'arrivée de Thurston coincide avec leur transition d'un label Tonyromanesque à un autre, passant de Révolution à Élite. Aidé de René Letarte (des Bel Canto) et produit par Roman, le groupe amorce ses premiers pas le son plus soft-psych qui définierait leur second album, Ecology. J'en profite pour remercier Martin de l'Ex-Exorbité d'avoir bien voulu partager cet album sous-estimé et toujours cruellement non-réédité. Une écoute essentielle.

Bien que ce simple intérimaire ne soit pas encore aussi raffiné, il annonce déjà qu'on ne reviendrait plus au petit bonhomme au nez pointu... Crescent Street est une sympathique ballade folk juste assez lousse pour ne pas dire légère. L'ambiance sur Crescent, déjà pourtant le rendez-vous du sophistiqué, semblait alors légèrement différente de celle d'aujourd'hui. Était-ce le groove émanant des quelques studios qui avaient pignon sur ou près de cette rue à l'époque qui y régnait?

Si vous voulez vous pouvez parader les pieds nus sur Crescent Street.
Y'a aussi l'escouade de la moralité, déguisée sur Crescent Street.
L'odeur du hash, les supersnatchs dans les bistros
Café terrasse. Tout l'monde est smash, tout l'monde est beau.

La face B ralenti le rythme pour soutenir un ton plus pastoral. Le Ciel, composé par Thurston, compare les splendeurs pop du paradis ( Au ciel, près des esprit, y'a John Kennedy, avec Lui, avec Lui ) au quotidien des mortels sur des rimes d'une profondeur discutable ( C'est bien plus beau que mam'zelle Brigitte Bardot; C'est bien plus gros que notre Mini Lotto ). Le trio Thurston, Roman et Ruel (il signe Crescent Street) avait aussi publié plus tôt un 45 bubblegum et enfantin sous le pseudonyme Les Kangourous (EL 7022), preuve de leur penchant pour une pop de variété légère en ce début des années 70. Mais n'est-ce pas cette singulière dychotomie chez Tony Roman, toujours coincé entre les excès de la pop bonbon et un flair pour le rock risqué, qui ne manque jamais de nous séduire?