lundi, juin 14, 2010


Journal des Vedettes, 5 septembre 1970.

Jean Fortier - La Dernière entrevue

J'ai récemment découvert ce qui pourrait bien être la dernière et saisissante entrevue qu'accordait le chanteur sur son lit d'hôpital en septembre 1970. Toujours aussi candide et lucide, Fortier se révèle amaigri et partiellement paralysé sur tout le côté gauche de son corps. Le diagnostic demeurait flou (trop de protéines dans le liquide rachydien ). Tragiquement et à son insu, un foudroyant cancer contrecarait déjà toute forme de rémission; les jours étaient comptés... À la première lecture, le fan en moi resta de glace, stoïc devant un tel témoignage. L'entrevue prit alors un détour inattendu. Soucieux d'élucider le mystère de sa soudaine maladie, Fortier trace ainsi un lien avec la consommation récente d'un joint de marijuana différent :

Un soir j'étais chez des gens que je connaissais peu et ils m'ont invité à fumer de la marijuana. Je n'avais pas fumé depuis un an. Je ne sais ce que contenanit cette marijuana, mais j'ai fait un «mauvais voyage». J'en ai d'ailleurs parlé à mes médecins. Jamais je n'avais réagi de cette façon. J'ai été obligé de m'enfermer dans une chambre, chez ces personnes, avec mon épouse. Sans elle, je ne sais ce que je serais devenu. Il est possible qu'à un moment, une obsession ait cause une crise psychique... je ne puis le dire avec certitude, mais c'est bien possible. Dorénavant, bien fini pour moi ces voyages, j'ai eu le mien. Je vous dis cela pour que les jeunes qui liront ce papier pensent avant d'agir. Je ne suis pas un croulant, du moins je le pense, et peut-être qu'ils me croieront. Qu'ils s'imaginent un instant la paralysie sur un lit d'hôpital. Qu'ils regardent mes photos, ils comprendront...

[...] Vivant, aurait-il pu promouvoir et vivre cet album sur scène assez pour le hisser dans les palmarès? J'en reste convaincu. Malgré la maladie, Fortier gardait un moral exemplaire et planifiait déjà son prochain projet: une comédie musicale intitulée
Zoé & Pamplemousse. Il s'agissait d'une satyre de la génération flower-fruit-drugs pour laquelle il entrevoyait déjà la participation d'Yvon Deschamps et Françoise Lemieux dans les rôles principaux. Le projet ne verrait malheureusement jamais le jour et il n'en tient qu'à vous d'imaginer comment cet étonnant spectacle aurait pu se manifester...

J'ai récemment pris la peine d'actualiser de nombreux articles de plusieurs extraits de la presse mondaine Québécoise des années 60. En plus des topos sur Jean Fortier (les simples et l'album éponyme), vous retrouverez dès maintenant quelques images supplémentaires accompagnant les articles à propos de La Belle Amanchure ainsi que de l'album Aimons-nous les uns les autres de Michel Conte. Bonne lecture!

4 commentaires:

StéphaneB. a dit...

Bonjour S_ébastien.
En lisant cet article sur Jean Fortier,je me pose la question suivante.
Est-ce possible qu'un simple joint ai déclencher en lui cette terrible maladie?.
N'ayant jamais fumer de marijuana,(je suis rester au stage de la cigarette),je me demande si c'est possible.Même si la marijuana était de provenance douteuse.
Je crois plutôt qu'il souffrait déja d'une terrible maladie avant cet incident.

Simon a dit...

Triste comme fin pour un artiste avec un tel potentiel.

Mais maudit que les gens était mal informé dans le temps. Joint = paralysie et tumeur au cerveau ?!?

Sébastien Desrosiers a dit...

Une fumette ne donne pas le cancer du cerveau, je te rassure. Hélas, lorsque les événements se bousculaient pour Fortier, un cancer le ravageait visiblement depuis un moment et l'entrainait de force au crépuscule de sa carrière. Tu en conviendras, on peut en venir à imaginer tous les scénarios possibles lorsque les médecins sont médusés par notre cas...

StéphaneB. a dit...

Il faut dire que même aujourd'hui,devant certaines maladies,les médecins reste pantois.
Ne sachant pas vraiment la cause de ces dites maladies,ils ne cessent de se contre-dires.Un médecin nous dit de manger certaines choses,un autre médecin lui va nous dire de manger autre chose,que l'autre s'est trompé dans son étude.
Je vais vous donner un petit conseil,manger ce que vous aimez, et faites ce que vous aimez,parce que la vie est très courte, et il faut faire ce que l'on aime.
Après tout,la plupart des médecins
sont des malades qui s'ignorent.