lundi, mars 22, 2010

Patrimoine PQ présente sa troisième balladodiffusion:

Mille soleils au dessus de nous - Pop Orchestrale et Soft-Psychée Québécoise (1967-1976)


Une heure de pop orchestrale feutrée, de mélodies marginales aux parfums d'automne et aux arrangements sophistiqués. À mesure que le collectionneur averti écume les méandres de la musique psychédélique Québécoise, son oreille tend le plus souvent à développer un penchant pour les productions étoffés des chanteurs pop qui ont raté de justesse les palmarès. Et pour cause! Les croisements entre la sphère pop et le milieu underground abondent et ces glorieux oubliés que sont Valjean, Yanick, Les Maîtres ou Le Blanc & Lalancette méritent aujourd'hui qu'on leur offre une seconde chance. Une tangente musicale aussi subjective que le soft-psych (ou psychédélisme léger ) peut référer à bons nombres d'enregistrements. Intuitivement, nous avons privilégié des titres pour la plupart non compilés et des artistes s'y distinguant, malgré leur infortune. Réunis, ils prouvent qu'une pop mature et assumée résidait en dehors des consensus mercantiles. Sous les palmarès, la plage.

Je tiens à remercier mon ami Gaétan Bricault pour sa collaboration et son flair musical. Les prochaines balladodiffusions seront d'ailleurs animées en sa compagnie. Bonne écoute!

Mises au point


- Nous avons délibérément choisi de tracer un lien entre le chanteur Yanick et le fils du chanteur Pierre Létourneau, Yannic Létourneau. En l'absence de confirmation, la véritable identité du mystérieux chanteur Yanick demeure pure spéculation. Vous ne nous en voudrez pas d'avoir tout de même essayé de tirer une conclusion plausible lorsque nos recherches n'aboutissaient à aucun résultat tangible. Advenant une information privilégiée à ce sujet, nous rectifierons le tir et utiliserons un portrait différent pour l'affiche (
Yannic Létourneau est au centre). Il nous semblait néanmoins plus pertinent de soulever la question au passage. Qui es-tu Yanick?

- La série 70 000 de Capitol a aussi été évidemment initiée sous l'impulsion du groupe Les Cailloux. Comment les oublier?


- Oui, le son fait défaut lors de nos quelques interventions. Nous corrigerons le tout.

Au Programme

publicité - Le Québec sait faire (1969)
Valjean - Je m'en reviens chez-moi (1968)
intervention
Guy Rhéaume - Les yeux de velours (1972)
Serge Blouin - Bonjour John (1967)
Les Alexandrins - Je parle pour parler (1967)
intervention
Smokin' Woods - J'ai Péché (1972)
Robert Toupin - La Chine (1974)
Yanick - Laisse-moi donc faire (1972)
intervention
Le Blanc & Lalancette - Intro
Le Blanc & Lalancette - Rest with him
Le Blanc & Lalancette - Mister Gun Pt. 1
Le Blanc & Lalancette - Et nous avons peur (Mister Gun pt. 2)
Le Blanc & Lalancette - Le soleil au dessus de nous
intervention
Karine - La fille du soleil (1974)
Les Maîtres - Une nuit avec toi (1970)
Bruce Huard - Comme le soleil (1970)
intervention
**surprise** - Candy, Flowers, Perfume (1967)





Patrimoine PQ presents it's third podcast: Mille soleils au dessus de nous - Quebec's Soft-Psych & Orchestrated Pop (1967-1976). A full hour of uncomped gems and rare 45, all in the soft-psych vein (think of the Fading Yellow serie). Get your automn almanach's worth..in March! Enjoy! Leave a comment as you listen! Got some rare snapshots of Le Blanc & Lalancette? You actualy knew the guys in Montreal's band Smokin' Woods? Write us about it.

dimanche, mars 21, 2010


Érotique PQ - Spectacle du 4 mars 2010


J'ai eu le privilège d'assister pour une seconde fois au spectacle Érotique PQ, un hommage drôlement bien fiscellé aux cultissimes bandes sonores du cinéma érotique Québécois du tournant des années 60-70. Comme lors de leur première représentation à Québec à l'été 2009, le groupe réunissait sur scène une foule de musiciens invités stygmatisés autour de la présence sonore du duo Call me Poupée et des cuivres et percussions du groupe ska Les Skapitones. Pour cette nouvelle version du spectacle, le groupe avait été réduit à une dizaine de musiciens, mais le rendu semblait déjà plus solide qu'à leurs spectacles précédents. Appuyés par un guitariste échevellé et délicieusement possédé, le supergroupe catalysait des compositions qui n'avait jusque-là jamais été interprétées en dehors de leurs studios d'origine! 40 ans plus tard, ces titres funk débridés ne manquaient toujours pas de faire trémousser une foule composée de connaisseurs et de néophytes. Quand c'est bon, c'est bon. Ceux qui n'avaient jamais entendu parlé auparavant de Viens mon amour ou de Y'a plus de trou à Percé n'étaient pas pour autant pus difficiles à convaincre...

Malgré quelques problèmes sonores, notamment avec les transitions spoken-word entre les morceaux, le spectacle dégageait une singulière vibration. On se sentait privilégié d'entendre des musiciens chevronnés miser sur ce répertoire des plus fastes et toujours largement méconnu. On souhaiterait maintenant que les programmeurs du Festival de Jazz tendent l'oreille et invitent ce projet des plus originaux à se produire sur une scène à la mesure de leurs ambitions. Cancellez Frédéric de Grandpré et rectifiez le tir...

Voici un brève vidéo du spectacle où le groupe interprète Valérie se rebelle, le thème du film Valérie (1969). Une dédicace au compositeur Michel Paje qui avait généreusement donné son accord pour publier la bande sonore officieuse du film, récemment sur le blog Psyquébélique. 40 ans plus tard, vos compositions ne seront plus confinées à de vagues souvenirs: ça se vit sur scène, maintenant!



mercredi, mars 17, 2010


Lancement d'une nouvelle étiquette : Les Disques Pluton.

Plusieurs audiophiles y rêvent en secret (moi le premier), alors que certains foncent déjà! Après quelques années à rechercher la crème du garage, du rockabilly, du surf et du soul Québecois, les auteurs de l'excellent blog Vente de Garage, Félix B. Desfossés & Mélodie Rheault, lanceront officiellement ce vendredi 19 mars leur nouveau projet: Les Disques Pluton. Des titres jadis créés au Québec et pressés de nouveau Québec. ll y a de la vie dans ce lointain orbite, croyez-moi... et sur vinyl à part de ça! Tu parles d'une initiative pertinente!

Pluton annonce déjà la publication d'un premier 45 tours regroupant quelques grooves rares de l'organiste Donald Seward, anciennement de César et les Romains. Le tout sera aussi remasterisé et est déjà offert en téléchargement. On ne peut que saliver en attendant la suite!


Pour le moment, l'heure est à la célébration! Le lancement officiel se déroulera au bar Le Divan Orange, à Montréal, ce vendredi 19 mars dès 21h00. En plus d'accueillir Donald Seward, un public averti aura droits aux performances des Revenants, Buddy McNeil & the Magic Mirrors ainsi que les fascinants The Sound of Sea Animals, le tout sous la supervision sonore des DJs Mimi la Twisteuse & Otis Fodder. Tout un programme! Enfilez votre groove!

If you're in Montreal for the week-end, be sure to check out this friday night at Le Divan Orange the launch of a new label: Les Disques Pluton. Fellow bloggers Felix B. Desfossés & Mélodie Rheault from Vente de Garage initiated the project and plan to release rare Quebec grooves on vinyl, starting with early funker Donald Seward (of Cesar & les Romains fame). Downloads are also available on their website. One must applaude such initiative! The party starts at nine with killer bands The Revenants, Buddy McNeil & the Magic Mirrors, The Sound of Sea Animals and DJs Mimi la Twisteuse & Otis Fodder. Be there, square!



dimanche, mars 14, 2010

Finalement (1971) - Extraits Vidéos

À notre connaissance, le long métrage Finalement... n'a jamais fait l'objet d'une réédition officielle sur VHS ou DVD. Considérez le film pour la qualité de son intrigue, l'exécution de ses personnages ou l'originalité de son scénario et vous comprendrez pourquoi on ne s'empresse pas à le rendre de nouveau disponible. Est-ce à dire que le film est sans intérêt? Loin de là! Vous y retrouvez de rares performances chantées par Renée Martel ainsi que Pagliaro et son nouveau band (Denis Lepage, Andy Shorter et un excellent bassiste non-identifié), mais aussi plusieurs scènes technicolorées qui nous replongent frénétiquement dans le Montréal de la fin des années 60. Far out! C'est d'ailleurs l'aspect qui me séduit le plus dans ce cinéma d'exploitation: ces films offrent un regard différent -voire complémentaire- sur une époque éclatée que nous avons trop souvent résumé sous les thèmes populistes du yéyé, d'Expo 67 ou de Jeunesse d'Aujourd'hui. Amenez-en de la contre-culture et de la série B!


Pour faire suite à notre dernier article, l'audiophile Stéphane B. a pris littéralement les devants et nous a généreusement numérisé une scène à la hauteur de nos attentes: une conversation entre Renaud et Riberolles dans un bar psychédélique, à quelques pas d'une scène où Pagliaro chante son hymne J'ai marché pour une nation ! Quel cadeau! Merci Stéphane!



Sacrée performance! Nous vous offrirons très bientôt ld'autres extraits ainsi que la possibilité de télécharger le long métrage dans son entiereté. Espérons que cette initiative suscitera un intérêt public pour la réédition officielle de cette rare production... Bon visionnement!

mercredi, mars 10, 2010









Artistes Variés - Bande Originale du film Finalement...
(1971; Spectrum SP 107)


On a souvent souligné le tournant identitaire des musiciens Québécois au début des années 70, les moeurs se libérant et notre personnalité artistique se stabilisant autour d'une modernité sans bornes faisant fie (ou exploitant, c'est selon) des tabous. Alors que plusieurs chanteurs s'émancipaient comme jamais sur disques, un phénomène similaire était observé au grand écran. Pour ne cibler que cet aspect, la tangente érotique de notre cinéma (aussi connue sous le sobriquet anglophone de maple syrup porn ) illustre bien les mutations de cette faste époque. Dès 1968, de nombreux longs métrages «osés» furent produits, le plus souvent accompagnés de bande originales audacieuses. Du lot, retenons des titres comme Valérie, l'Initiation, Après Ski, 7 fois par jour, Deux femmes en or, Viens mon amour, Les Chats Bottés, Y'a plus de trou à Percé, La pomme, la queue, les pépins et j'en passe.

À ce sujet, je ne saurais trop vous recommander les récents articles de mes amis des blogs Psyquébélique et Vente de Garage qui ont chacun publiés de somptueux billets retraçant la création des bandes originales des films Valérie et Après-Ski. On vous y offre des primeurs musicales, des informations privilégiées, de rares images et tout un survol de ces deux films. Deux lectures essentielles. Le cas Valérie a pris tout le monde par surprise en étant ensuite analysé dans La Presse, puis dimanche le 7 mars sur les ondes de RDI. L'intérêt est définitivement public. La bande sonore officieuse de Valérie fait événement et ce blog, en plus d'y avoir participé, cautionne et encourage de telles initiatives.


Bien que le ton diffère légèrement des productions érotico-pop comme L'Initiation (Denis Héroux, 1970) ou Après-Ski (Roger Cardinal, 1971), Finalement... en calque néanmoins quelques formules gagnantes, à commencer par le casting d'un couple d'acteurs déjà bien connu du public. Le film de Richard Martin raconte les tribulations d'un photographe Français égocentrique joué par Jacques Riberolles (L'Amour Humain) s'amourachant d'une serveuse de snack-bar (Chantal Renaud) en vue de la révéler au monde comme la nouvelle mannequin, la it-girl. Les deux acteurs s'étaient rencontrés et fait connaître l'année précédente sous les projecteurs du plateau de l'Initiation... avant de tomber amoureux. Des acteurs complices, voilà qui attisait déjà les cinéphiles... La distribution Franco-Québécoise incluait aussi Andrée Boucher (La corde au cou), Monique Mercure (Deux femmes en or; Viens mon amour), Jacques Desrosiers (Après-Ski), Jacques Normand (YUL 871) et Jacques Famery (Les Chats bottés; Parlez-nous d'amour).












Si le film eut un succès plutôt limité, sa sortie fut néanmoins accompagnée d'une bande originale afin de profiter de la vague maple-syrup. Contrairement à celles déjà publiées sur l'étiquette GAP, vous n'y retrouverez pas de longs instrumentaux soul ou funky adaptés au scénario et peu d'orchestrations complexes et déjantées. Pour son premier long métrage, le producteur Denis S. Pantis (Disques Mérite), flairant toujours une bonne affaire, eut plutôt l'idée de puiser au travers des meilleurs prospects de son écurie. En confiant l'orchestration à l'arrangeur chevronné Jerry De Villiers, Pantis opterait parallèlement pour des chanteurs qui avaient déjà la cote auprès du public et ceux qui n'attendaient qu'un coup de pouce de sa part pour gravir de nouveau les palmarès de la province. Il produirait le film et superviserait la bande originale en compagnie de George Lagios, futur producteur de Michel Pagliaro et Walter Rossi notamment. C'est aussi Lagios qui composera avec l'auteur-compositeur William Finkelberg (le hit Some sing some dance de Pagliaro l'année suivante, c'est lui) le thème du film, avant que la chanteuse Renée Martel n'en rédige les paroles. Cette dernière serait rejointe par d'autres protégés de Pantis, tels Bruce Huard (ex-Les Sultans), Michel Pagliaro et le chanteur folk Éric.

Denis S. Pantis (Disques Mérite)

L'ensemble des compositions reflète bien l'ambiance chaude et émancipée qui teintait déjà les productions de ce tournant de la décennie 60-70. De nouveaux soloistes comme Huard ou Pagliaro participent à cette émancipation, eux qui avait déjà quittés leurs groupes yéyés quelques années auparavant pour emprunter une tangente pop orchestrale plus.. sophistiquée. Des thèmes marginaux se démocratisent de plus en plus notamment sur l'envoutante composition de Éric, Marie Boucane. En un sens, Finalement se développe simultannément aux bandes sonores de l'étiquette GAP en animant des situations similaires, mais dégage de loin le plus de retenu. Une scène d'orgie, une dans un bar psychédélique et une autre plutôt enfumée ne réussiraitent pourtant pas à dévergonder cette production, somme toute, soft-pop. Rassurez-vous: ce n'est pas une perte, loin de là.

Des titres toujours inédits.

La plupart des titres ici réunis furent individuellement pressés entre 1969 et 1971 pour chaque artiste, sur de multiples étiquettes administrées par Pantis lui-même (Spectrum, DSP, Pax). Du lot, sept titres sur dix n'ont toujours pas été officiellement rééditiés depuis leur parution originale. Et on ne parle pas de petites pointures... Michel Pagliaro offre L'amour est là, sa reprise électrifiée de Step inside love, un titre que Paul McCartney avait offfert à Cilla Black en 1968. Le tube s'était aussi avéré être un hit mineur pour son interprète à la sortie de son second album éponyme (1970; Spectrum SP103), mais reflétait du même coup un côté légèrement fleur bleue qui serait judiceusement évacué quelques mois plus tard avec la sortie de J'entends frapper. Avant d'écrire son hit définitif, Pag ponderait un rock emblématique (quoiqu'il en dise) de la fierté nationale qui soulevait le Québec d'alors: J'ai marché pour une nation. Le vent tourne et Pag ouvrait la marche à coups de
guitares incisives sur fond de Hammond.





Ce qui surprendra les fans du rockeur, c'est l'inclusion d'un titre inédit à la bande originale: Arrête Lucie. Proposé à l'origine sur le blog de l'Ex-Exorbité, ce fougueux boogie ne semble pas avoir été publié ailleurs précédement. Absent de la discographie officielle du chanteur, cette chanson aurait même échappée aux biographes de Pagliaro qui l'omettent de leur liste, pourtant déjà exaustive. On comprend qu'il s'agit d'une commande spécifique au projet lorsqu'on sait que le personnage interprété par Chantal Renaud s'appelle... Lucie. Si l'air vous rappelait un autre titre de Pag, vous auriez raison. Arrête Lucie est une adaptation minimale de la chanson Arrête Annie, publiée en 1970 sur son second album éponyme. Une chouette curiosité, soulignée avec justesse par Martin de l'Ex-Exorbité. Restons dans les thèmes. Quelques mois auparavant, Pagliaro s'était associé à George Lagios pour composer un autre indicatif musical pour un obscure film à petit budget, L'Île (1970). Le Thème de l'Île impressionne par son dynamisme, son air de samba et l'orchestration touffue qui le vitamine. Composé par Pagliaro, la chanson a été doublement publiée en 1970: créditée au groupe "Le Studio" sur étiquette Citation puis à "Le Beau-Frère" sur la face B d'un simple de Pagliaro sur Pax. Le thème ne fait pas partie comme tel de la bande originale de Finalement, mais l'implication de ses musiciens dans celle-ci en fait une curiosité digne de mention et définitivement dans le ton... Vous possédez plus d'informations à propos du film (ou documentaire?) L'île de 1970? Écrivez-nous!



On confia le thème chanté de Finalement à Renée Martel. La chanteuse qui préparait alors son cinquième album (Mon roman d'amour, Spectrum SP108), opta aussi pour une reprise d'un titre de Barry Gibbs, ici rebaptisé Je suis la Terre. Un hymne pop doté d'un mélodie épique; le ton est léger, mais Martel demeure convaincante. Pour sa part, le thème de Finalement emprunte à nouveau quelques aspects de la bande originale de l'Initiation en tentant de répéter la formule de la ballade qui avait si bien fonctionné l'année précédente pour Diane Dufresne (Un jour il viendra mon amour) et le film. Bien que différentes, on ressent malgré tout dans ces deux ballades une même vocation: la ballade fleur bleue d'un long métrage à sensations, soulignant les leçons tirées de l'Amour... Compilé sur les nombreuses rééditions de Renée Martel chez les Disques Mérite, le thème offre des arrangements étoffés et aériens ainsi que de multiples progressions qui en font un petit bijou de chanson pop. Une somptueuse eccentricité à son catalogue!

Bruce Huard

Par de complexes arrangements et l'originalité des morceaux retenus, une singulière vibration soft-pop se dégage du lot. À la fois naive, ambitieuse et assumée. Les chansons de Bruce Huard en sont les meilleurs exemples. Vous m'avez bien lu. Comme le soleil, une composition originale, coupera le souffle aux amateurs de soft-psych et convainquera les puristes des intentions post-Sultans du chanteur. Avec ses cuivres scintillants rappelant le son du Bosstown, son refrain aussi explosif qu'accrocheur et son (trop) court break instrumental en conclusion, ce simple de juillet 1970 en imposait. Un second titre, Toi et moi, est cosigné Bruce Huard et Denis Forcier. Depuis la dissolution de son groupe, l'ancien guitariste des Sultans qui avait aussi biffurqué par le Coeur d'une génération avait développé une oreille pour des arrangements audacieux et des mélodies baroque-pop. Son influence déteint inévitablement sur Toi et moi , insufflant à des paroles plutôt mièvres un environnement sonore raffiné de cordes et de cuivres. Du bonbon. Ces deux titres furent aussi réinterprétés en anglais par Huard, mais jamais pressés à l'époque. Curieusement, ce sont ces versions qui, finalement, figurent sur ses grands succès L'amour, l'Amour, l'Amour (Mérite), Fly me to the sky (Toi et moi) & Just like the sun (Comme le soleil).

Eric (St-Pierre)

Depuis ses débuts au sein du groupe garage Les Gamins, Eric St-Pierre avait roulé sa bosse en solo afin de paufiner son approche plus folk-pop. Révélation Masculine au Gala Méritas de 1967, il enregistrerait deux albums pour Pantis et une série de simples indédits à ces derniers. Avec un meilleur second album et son simple Marie Boucane pour l'étiquette Pax, Eric jouait le tout pour le tout afin de prouver qu'il n'était pas si sage qu'on le prétendait. Je ne peux confirmer que ce titre fut utilisée pour une des scènes plus frivoles du film (je ne l'ai pas vu dans son entiereté), toutefois son propos est on ne peut plus clair. Cette ode à peine subtile à la mari utilisent plusieurs allusions et consonnances pour vanter les mérites du tabac d'orchestre. Ou était-ce à propos de sa nouvelle flamme? Tongue in cheek, diraient nos cousins du sud. Inhallez...

Je suis si bien quand Mari(e) s'en vient.
Quand Mari(e) est là, ça sent bon.

Mari(e), le souffle de vie que je sens en moi.

Une douce harmonie, un nuage de joie...



Jerry De Villiers

... et expirez. Habillant la cinématographie, Jerry De Villiers apporte une touche de modernité à l'ensemble en proposant deux instrumentaux captivants. Sa reprise orchestrée du succès planétaire de Marc Hamilton, Comme j'ai toujours envie d'aimer, acquiert un charme cabotin au son et effets électroniques du Moog. Ludique. L'ambiance se modifie et le rythme ralenti sur la reprise instrumentale du thème de Finalement, plus mélancolique et langoureuse que sa version chantée. Alors que la mélodie progresse, le compositeur complexifie son arrangement, accentuant même les cordes d'un effet de phasing. On aurait souhaité plus de mesures comme ces dernières... mais l'arrangeur est demeuré prudent sur cette bande originale.




Certains de ces hymnes pop orchestraux ont tous les ingrédients pour se loger au creux de l'oreille de l'audiophile averti. Les rocks se chargeront d'animer le reste de vos sens. Ils ont partiellement inspiré notre prochaine balladodiffusion, 1000 Soleils au dessus de nous, cette fois-ci entièrement dédiée à une niche bien précise du spectre musical, le soft-psych (ou psychédélisme léger). À suivre...

Finalement, affiche originale (Éléphant)

Entre temps, bonne écoute! Si vous avez vu le film Finalement... et souhaitiez partager des extraits ou votre critique personnelle,
écrivez-nous.


Téléchargez la Bande Originale / Download the original soundtrack:

Artistes Variés - Bande Originale du film Finalement (1971; Spectrum SP107)


dimanche, février 14, 2010


Yolanda Lisi - Chanson sur une seule note / Je veux dormir avec toi
(1963; London FC 616)

Je n'ai jamais été de ceux qui plongeaient tête première dans tout le kitsch que traîne avec elle la St-Valentin. Comme si l'amour devait s'exprimer par toute une panoplie de gadgets quétaines, mais pas à peu près, une fois l'an... Chocolats Lowney enrichis de sirop de fructose à la rose du Benghal? Non merci. Sous-vêtements en rayonne affriolants aux motifs de cupidon? Sans façon. Que voulez-vous, j'essais de vivre l'amour à l'année...

Je n'allais pourtant pas vous laisser aller sans une chanson de circonstances, chaude et aguichante. La chanteuse Yolanda Lisi n'est pas reconnue comme l'une de nos chanteuses les plus sensuelles, je vous l'accorde. Sa pop ensoleillée et légèrement jazzée est la plupart du temps rangée et plutôt sans risque. N'empêche, Lisi affiche une assurance et une chevelure qui tenaient bon sur la scène du début des années 60. Elle débuterait sa carrière vers 1955, enregistrant un premier succès, Vaya con Dios. Un autre simple, Le goût de toi, la ferait à nouveau gravir les échelons des palamarès en 1963. La même année, Lisi grave deux titres pour London en apparences inédits à ses longs-jeu. La face A revisite et traduit Una Nota Samba de Juan Carlos Jobim et propose des arrangements sobres et quelques chou-bi-dou en choeurs qui en font une reprise lounge au charme immédiat. C'est avec la face B, la suave Je veux dormir avec toi, que Lisi donne le ton à cette St-Valentin. Elle épellera le nom de son amant (r, o, g, e, r...) en introduction avant de le séduire par sa voix retenue et son ton coquin. Roger succombera... Un trio jazz l'accompagne subtilement, avec quelques touches de vibraphone et des voix masculines de velours. Suprenant. Merci à l'ami Maurice pour cette découverte.

Décidément, Lisi n'était pas que la chanteuse du jingle de Da Giovani! Et à propos, de sources sûres, elle attendrait toujours son cachet pour cette chanson que tout le monde a fredonné...


Time to celebrate the commercial love fest that has become Valentine's Day. How 'bout some Yolanda Lisi, a smooth jazz-pop singer that started around 1955 and scoring her biggest hit in 1963 with Le goût de toi. The very same year, she recorded this London single that surprinsingly doesn't appear on any of her LPs. Tha A-side is a nice loungy cover of Una Nota Samba, but the B-side offers something spicier. Je veux dormir avec toi (I wanna sleep with you) is a sexy down-tempo ballad where Lisi sensually spells out her lover's name (r, o, g ,e ,r...). Nice vibes!



mardi, février 09, 2010



Tony Roman


Miscellannées du Rock Québécois (1970-1974)


Question de se secouer les puces, chasser le blues hivernal et vous démontrer que Patrimoine PQ peut discuter d'autres choses que de pop-folk-psychédélique, j'ai pensé vous offrir une sélection de quelques-uns des meilleurs 45 tours rock du début des années 70. Si le son pesant et testiculaire des rockeurs se frayait timidement une place dans les moeurs post-yéyé, nous étions pourtant au carrefour des influences internationales et à l'avant-scène du véritable son du Québec moderne. Tout se mettait en place. Certains le chanteraient en français, témoignant parallèlement de l'évolution de notre langue dans des formes d'expression résolument américaines* (Charlebois, Vos Voisins, Aut'Chose, Dyonisos, Connexion), d'autres traduiraient leurs intentions vers une prose plus facilement exportable (Morse Code Transmission, Le 25e Régiment, Les Sinners, Guillotine, Ellison, Blind Ravage). Tous étaient francophones ou francophiles, mais cherchaient à se démarquer sur une scène qui voulait aller 40 degrés au dessus du yéyé... Dans un Québec qui s'affirmait simultannément par ses racines auropéennes et ses influences américaines, cette dualité qui nous est si singulière se complexifierait par la montée du mouvement souverainiste et la Crise d'octobre.

Comment créer un rock typiquement Québécois? Ce n'est pas donné à tout le monde de rocker en français; une simple traduction ne suffit pas et certains s'y casseraient les dents (je pense à quelques textes du premier disque du groupe Sex, par exemple). Michel Pagliaro, ancien chanteur des Chanceliers nouvellement libéré de son image de bon garçon, arriverait d'ailleurs à point au début d'une nouvelle décennie pour paver la voie à une vague pancanadienne de boogie rock, par moments bilingue. L'entendez-vous frapper? Certains le précéderaient il va sans dire, et d'autres l'imiteraient, mais tous profiteraient de son impulsion!

* En référence au continent entier.



Angelo Finaldi & Richard Tate - Le Sorcier le Maudit / Pas Fou (1974; Extra EX 7726)


Finaldi (guitariste) et Tate (batteur) ont tous deux fait partie de la seconde mouture des Sinners, suivant la formation de la brève Révolution Française avec Françcois Guy, Arthur Cossette et Louis Parizeau. Recrutés pour leur incandescence glam, ces deux rockeurs feraient évoluer le son des Sinners jusque dans la seconde moitié des années 70 avec les albums Le chemin de croix de Jos Roy, «Tête de Monstre» et «?» pour ne nommer que ceux-ci. Ils accompagneraient simultannément une foule d'artistes dont Nanette, en plus de produire chacun leurs propres albums solo. Finaldi réaliserait Angie en 1974 tandis que Tate enregistrerait Tate à Tête la même année et un album éponyme deux ans plus tard. Fans de glam-rock, prenez note; l'article du blog Psyquébélique vous convainquera. Leurs noms sont intrinsèques au rock Québécois, tout comme d'autres moult fois cités pour leurs collaborations inventives: Nanette, Pagliaro, Roman, Georges Thurston, Walter Rossi (guitariste, ex-Influence, ex-Charlee), Pete Tessier (guitariste et ingénieur) & Quentin Meek (ingénieur).


Walter Rossi (photo puisée sur walterrossi.net)

Le Sorcier Le Maudit, un simple tiré de l'album Angie, est logiquement crédité au duo Finaldi & Tate sur l'étiquette. La chanson avait été composée pour Johnny Hallyday l'année précédante pour son album Insolitudes alors que le duo séjournait en Europe avant de revenir au pays avec Nanette dans leurs bagages. La version de Johnny ralentie la cadence et la fureur, mais demeure solide. Tate et Finaldi allaient bientôt paufiner tout ça...



Cette production signée Tony Roman nous replonge dans un thème souvent exploré par ce dernier, soit le mysticisme amérindien. D'un riff glam pesant qui n'est pas sans rappeler ceux de T.Rex, l'histoire de ce shaman touche terre sur fond de tonnerre:

Il semait la révolution et les gens avaient peur de lui.
Et les filles les plus tranquilles quittaient tout pour lui.

Le faiseur de pluie.

Le Sorcier. Le Maudit.

Il parlait au vent chaque nuit... et il pleurait!




Difficile de se retenir d'accompagner le duo de quelques coups de air guitar ! Les deux face ont la particularité d'être électrifiée par le guitariste émérite Walter Rossi. La face B, co-signée par Luc Plamondon, titille les oreilles à la première écoute. D'où provient ce riff de l'intro? Ça me dit quelque chose... En effet, le tout n'est pas sans rappeler les premières notes de Everybody's got something to hide except me and my monkey des Beatles. Et à la manière de l'Album blanc, ce titre revient loussement à la base avec son 12 bar blues et rejoint du même coup le son popularisé justement par Pag. Madeleine Chartrand et Nanette, la blonde de Finaldi à l'époque, ajoutent leurs voix à Pas fou et au reste de l'album d'Angie. Recommandé.



Tony Roman - Vers l'Atlantide / Comment
(1970; R&B 612 )



On a souvent mentionné sur ce blog le rôle important que jouait le producteur/dépisteur/gérant/ingénieur/chanteur Tony Roman dans l'affranchissement du rock et du r&b dans le Québec des années 60-70. Véritable touche-à-tout, en fondant son étiquette Canusa, il démontrerait son sens du timing en adaptant ses véhicules promotionnels selon ses artistes fétiches et les moeurs à la mode. Et en temps Roman, les aiguilles tournent vite... En peu de temps, on l'associe à une foule d'étiquettes aussi variées et simultannées que A1, Majaro, Visa, Élite, Ballade, Révolution, Kot'Ai (lire plus bas) et R&B. J'ai toujours eu un faible pour cette dernière, une brève incarnation de 1970 qui ne dépassa pas l'année, (en opération de janvier à septembre seulement) lui devinant un acronyme juste assez culotté pour «Roman & Blues». Dans l'approche et la production limitée, on dénote plusieurs similitudes avec l'étiquette montréalaise Chart On. Coincidence? À ce sujet, voici la liste des simples R&B; je tiens à remercier Félix Desfossés, Robert Thérien, Michel et GustavOne pour leurs contributions.

R&B 601 Trevor Payne - Fa Fa Fa / Tu ne sais pas comme je sais
R&B 602 Tony Roman - Mes Blouses / Au Canada
R&B 603 Réjean & Pierre - Étrange Ville / Message
R&B 604 Georges Marchand - Ma belle amie / Bozo
R&B 605 Flo Prud'Homme - Le barreau de chaise / Les Vacances

R&B 606 Frédéric (Boudreau)- Je me souviens / Ceux qui ont mon âge
R&B 607 Loulou - Le soleil et l'amour / My love
R&B 608 Jacques Desrosiers - Pollution de l'air / Le beau temps
R&B 609 L'Armistis (Jacques Crevier) - Ma vie / Souris-moi
R&B 610
Marie-France Dubois – Viens-t’en viens-t’en / J’entends toujours le même refrain
R&B 611 Présence - Le temps de l'amour / Y'a un homme

R&B 612 Tony Roman - Vers l'Atlantide / Comment

Si l'excellente face A du dernier (?) simple de Roman pour son label, Vers l'Atlantide , a déjà été plébiscitée par Satan Bélanger sur l'essentielle compilation Freak Out Total Vol. 3, il ne faudrait pourtant pas négliger le rhythm & blues sale et ultra pesant de sa face B, Comment.

Tournez! Tournez! Tournez-vous ensemble?
Tournez-vous? Tournez vers l'amour!
Comment? Comment? Faire la révolution!
Comment faire, faire la révolution! Whooaoow!


À gorge déployée,
le chanteur y liste sommairement les éléments essentiels à sa révolution, sans fleurs ni "doigts en V". L'imposante guitare doit d'abord partager le mix avec un accompagnement plus fignolé de piano électrique, choeurs féminins et saxophone, mais c'est pour mieux revenir à l'avant-scène vers 1m48s, sous un tonnerre de percussion. Quelle décharge! On imagine la sueur perler des murs du studio!


Tony Roman - Rain Train Crescent Street / Come and see the show (1972; Kot'Ai KO 152)


La fibre r&b de Roman l'accompagnerait encore sur quelques simples ultérieurs à sa phase Canusa, notamment sur le méconnu label Kot'Ai. Déjà responsable des publications de L'Infonie (Volume 333), Toubabou, Mohagony Rush ou du mystérieux groupe folk Moonstone, cette minuscule étiquette aurait bien pu être l'un des nombreux projets auquel le producteur s'associa, du moins partiellement. On sait déjà qu'il participa à titre d'ingénieur pour l'album de Moonstone et qu'il produisit un simple sur ce label à la même époque. Le reste n'est que pure spéculation, même si l'oeuvre de Roman demeure des plus tentaculaires... L'étiquette poursuivit ses activités au cours des années 70, changeant même de design vers 1975, misant presqu'essentiellement sur des artistes anglophones.

Sur la face A ( Rain Train Crescent Street ) de ce simple peu commun, on jurerait que le chanteur a emprunté sa section de cuivres à celle de John Fred & the Playboys. Au piano, Roman y va de sa voix nasillarde et d'un ton salace pour nous replonger dans la scène entre la rue Crescent et la Main. You got nothin' to win, nothin' to lose / When you're feelin' it, babe / Woman, you make me feel so loose. Les paroles demeurent vagues et la prose sobre, mais ce n'est que du rock n' roll après tout et ce qui prime, c'est le groove. Vous serez servis. La face B, Come and see the show , nous offre un Roman avec juste ce qu'il faut de reverb dans la voix pour planer sur sa ballade morose. On le sent plus investi aussi. Le style rappele par moments celui des chansons torturées du regretté Chris Bell (Big Star) ou, plus près de nous, Jean Fortier. Comme ce dernier, il transpire les influences blues et soul entre des choeurs chauds et éthérés. Tout cliquait si bien, pizzicattis compris... si ce n'était de ce saxophone plus qu'intrusif.

Les productions de l'étiquette Kot'Ai demeurent à être cataloguées. Si vous souhaitiez contribuer quelques informations relatives au label ou à d'autres artistes qui y furent publiés, ne vous gênez pas pour nous écrire.






Max - The Flying Dutchman / Run Run (1970; Trans-World TWS 1740)


Un mystère que ce groupe. Nous n'avons pu recueillir aucune information quant à l'identité des musiciens, si ce n'est le nom de leur producteur: H. Leopold. Publié sur l'étiquette Trans-World, leur unique simple fut probablement enregistré autour de 1970, si on se fie au 45 tours du groupe Oliver Klaus (Feeling Groovy TWS 1733) publié à la même époque. Extrêmement recherché, une copie fut vendue sur eBay récement pour la ronde somme de 250$. Si vous êtes en possession d'informations supplémentaire au sujet de Max, contactez-nous! J'en profite pour remercier Stéphane, un collectionneur émérite qui m'a gentiment aiguillé vers ce rarissime simple.


Ce rock est définitivement encré dans des influences west-coast si ce n'était de son matricule, pourrait être difficile à situer dans le temps. C'est que ce son n'était pas encore popularisé en province à l'époque et je m'avancerai en le décrivant comme légèrement avant-gardiste. Cela dit, ce groupe rock ne révolutionne aucune convention stylisque, mais parvient noblement à ses fins. The Flying Dutchman démarre avec une mélodie cyclique qui révèle un pont moyen-oriental avant de d'emboîter vers un refrain plus soutenu avec choeurs féminins. L'attitude rock y est, mais on sent la recette; il ne manque qu'un petit quelque chose il me semble pour que ça lève. Peut-être de meilleures paroles... La face B, Run Run , démontre plus de potentiel avec sa rythmique lousse et subtilement funky. Le soliste, plus timide que sur la face A, y va de quelques élans à nouveau pas piqués des vers. Qui étaient ces musiciens?




Here's a sample of early Quebec rock scene, circa 1970-1974. Michel Pagliaro and Offenbach may be our most famous french speaking acts in the genre, but many others tried to define a true Quebec rock, most notably in french. A wide scene regrouping maverick producer/singer Tony Roman bloomed at the start of the 70's, showcasing tons of other rock influences such as Nanette Worman, Angelo Finaldi & Richard Tate (Les Sinners), Georges Thruston (Boule Noire, 25th Regiment), Walter Rossi (Influence, Charlee), Quentin Meek or Pete Tessier (sound ingineer)... Bands such as Dyonysos, Vos Voisins, Connexion or Sex also put out a fair share of sweaty, ballsy blues rock. Charlebois had opened the gates in the 60's and now the beast was loose.. to rock in french! If you have any informations about the Kot'Ai label or the musicians behind the rare and unique single by Montreal band Max, write us.


Téléchargez tous ces simples / Download all these 45 :


Miscellannées du Rock Québécois (1970-1974)

lundi, décembre 28, 2009







Artistes Variés - Coca-Cola Jingles (1965; Acétate Marko; Audiodisc 4546)

Le lait de poule au réveillon, c'est dépassé. Cette année, trinquons du plus effervescent des nectars marrons: le Coca-Cola. On demeure pourtant dans l'esprit du Temps des Fêtes lorsqu'on considère que cette marque légendaire a toujours su se marchander efficacement, allant même jusqu'à populariser l'image commercialement viable du Père Noël que nous connaissons tous aujourd'hui. En fidélisant ses consommateurs à une image, voire une couleur, la populaire boisson eut tôt fait de pétiller sur les ondes radiophoniques. En s'acoquinant des étiquettes de disques internationales, ils recrutèrent un nombre impressionnant de groupes pop et d'artistes du palmarès pour les inviter à reprendre le jingle officiel du cola, Things go better with Coca-Cola. Les versions sont aussi inventives que stylistiquement diverses, question de mieux s'identifier à la jeune génération, des teenyboppers aux hippies assumés. Toujours autour d'un même refrain, des groupes pour la plupart UK & US tels les Bee Gees, The Who, The Left Banke et autres Vanilla Fudge relevèrent la barre en signant des arrangements colorés et plutôt raffinés. L'ami-blogueur Claude du site L'Homme Scalp vous propose d'ailleurs un article à propos d'une compilation de ces meilleures bande-annonces radios des années 60. Du lot, j'en ai retenu quelques-uns, tous tirés cette fois-ci des compilations du groupe de discussion U-Space, Psychedelic Promos & Radio Spots Vol. 1-9.



Petite rivière de cola deviendra grand fleuve... En conquérant le marché international, la compagnie cibla rapidement ses campagnes localement. La vague yéyé alors déferlante au Québec de 1965 eut tôt fait d'attirer l'attention du géant qui flairait une bonne affaire dans le marché francophone. L'association fit même la manchette de l'édition du 7 août 1965 du magazine Billboard. On y apprend entre autres que le groupe montréalais J.B. & the Playboys avait été approché, tout comme des habitués du palmarès de la scène francophone: en plus de Pétula Clark (Vogue), César et les Romains (Choc), Les Baronets (Jeunesse Franco) et Les Cailloux (Capitol) sont cités. Avoisinant une photo culte de Sam the Sham & the Pharaos, le tout ne manque pas de piquer la curiosité!

On souligne que ces indicatifs pourraient être utilisés au Québec comme aux États-Unis lorsque les artistes effectueront une percée sur les palmarès américains. Un rêve que convoitaient toujours certains, mais qui ne se concrétisera malheureusement pas (ok, presque avec Les Jérolas et leur double performance au Ed Sullivan Show).


Pour diversifier leur palette sonore et assurer une diffusion massive de leur nouvelle campagne, on recruta simultanément des artistes de différentes étiquettes comme Jenny Rock (Select), le groupe folk Les Quatre-Vingts (Columbia), Robert De Montigny (Trans-Canada) ainsi que Margo Lefebvre (Trans-Canada). Reprenant la formule des indicatifs anglophones, Coca-Cola opta pour un monstre de la chanson française et demanda à ses nouveaux porte-parole d'imaginer leur propre version de Y'a d'la joie de Charles Trenet. Ce titre deviendrait ainsi -tant dans la presse écrite que radiophonique- le nouveau et pétillant slogan publicitaire du breuvage. Avec Coca-Cola, y'a d'la joie... Fallait y penser.



Même Serge Laprade a enregistré sa version du jingle en 1967.

Cette acétate réalisée par les Studios Marko Inc. regroupe la plupart des nom cités plus haut, sur une seule face (l'autre étant vierge). Comme la campagne se renouvelait sans cesse, la diffusion de ces jingles de 60 secondes était purement immédiate et prévisiblement éphémère. Le choix du format « acétate » pour les campagnes radiophoniques pourrait partiellement s'expliquer par des frais de conception minimes et délibérément limités couplés de la faible durée de vie du médium. C'est qu'elles sont fragiles ces acétates, n'offrant qu'une mince couche de vinyl sur un disque d'aluminium. Une fine couche qui dégénère à chaque écoute... Le format était aussi largement prévilégié avant l'arrivée du ruban magnétique. Des EP (ou super-45 tours) furent aussi produits, où deux artistes y proposaient quatre versions différentes du même jingle. J'ai pu répertorier un EP jumelant Les Jérolas aux Quatre-Vingts; qui sait, peut-être en existe-t'il plusieurs autres?

Le tout démarre rapidement avec deux dynamiques versions folks, gracieuseté des Cailloux et des Quatre-Vingts. Alors que ces derniers demeurent plutôt sages, la bande à Jean Fortier fait fi de la bière d'épinette et garde une cadence éffreinée pour une histoire de braconnier qui achète les garde-chasse avec quelques bouteilles de Coca-Cola. Cocasse. On sort ensuite des boîtes à chanson pour se réfugier en boîtes de nuit sur un jerk de Jenny Rock. Entre quelques cuivres, la voix éraillée de la pétillante chanteuse à de quoi séduire sur cette version calquant du même coup sa propre reprise de Walking the dog de Rufus Thomas. Parlant de séduction, c'est Robert De Montigny qui tonifiera ensuite votre cola d'une touche de rhum par ses airs joyeusement kitsch de samba. Coca Gogo, on crie Bravo! quand on boit un Coca-Cola.



Margo Lefebvre bénéficia d'arrangements plus élaborés pour son jingle, me portant à croire qu'il fut probablement enregistré pendant les sessions pour son album Gala 65. L'orchestration est vitaminée à la manière d'un tube du Swinging London et nous fait oublier les lentes ballades qui ont pourtant fait la marque de la chanteuse. Pour leur part, César et les Romains demeurent fidèles au yéyé sur une version énergique et efficace, mais sans grandes surprises. La frivolité de la mélodie de Trenet sied parfaitement au style des Jérolas, pimenté de quelques cuivres. Leur aventure carbonisée ne s'arrêterait pas là, le duo tournant son dos quelques années plus tard à Coca-Cola pour endosser la bière Laurentide, mais aussi... Pepsi. L'Acétate prend fin sur une charmante version de 90 secondes chantée par la francophile Pétula Clark, à l'accent toujours aussi craquant. Un sourire, un Coke, oh les jeunes, quelle merveille; été comme hiver, le Coke est sans pareil.

Rien de tel pour terminer l'année en beauté que cette rare trouvaille parmi les plus effervescente! Je tiens à remercier chaleureusement l'ami Otis pour la numérisation de cette délicate acétate. Laissez un commentaire en téléchargeant.


Téléchargez cette acétate / Download this acetate : Artistes Variés - Coca-Cola Jingles (1965; acétate Marko)